AFRICA 24 TV
Le journal de l’économie
Jeudi 1er août 2019
Invité: Dr Yves Ekoué AMAÏZO.
Sujet: LE CRÉDIT À L’ECONOMIE DE LA BANQUE CENTRALE DU NIGÉRIA
La Question :Faut-il que la banque centrale du Nigeria fasse émerger des stratégies en faveur de plus de crédit à l’économie ?
Les pays francophones en zone franc se préoccupent peu de maintenir leur taux de change stable puisqu’ils ont signé des accords secrets de défense et d’arrangements monétaires avec la France qui leur assurent une fixité du taux de change avec l’Euro. Mais pour les autres pays africains responsables de leur monnaie nationale, la priorité est donnée d’abord au maintien du taux de change stable afin de stabiliser leur monnaie.
Ce n’est que lorsque cet objectif est atteint que le besoin de constituer des réserves de change tampon prend toute son importance. Le Gouverneur de la Banque centrale du Nigéria (Central Bank of Nigeria – CBN), Mr. Godwin Emefiele, a déclaré en octobre 2018 « qu’il était préférable de maintenir un taux de change stable pour éviter une dépréciation du naira que de créer des réserves tampons de réserves de change ». Ce choix se justifie par le fait qu’un taux de change stable permet d’offrir un environnement des affaires prévisibles aux entreprises tout en évitant de déprécier les actifs du système bancaire.
La Banque centrale du Nigéria a choisi non seulement d’assurer la stabilité de la monnaie, de maintenir l’inflation au plus bas possible, mais aussi de soutenir le développement en offrant un cadre de refinancement des banques secondaires basé sur un taux directeur dont la flexibilité permet de s’adapter à l’économie mondiale et nationale. C’est ce taux qui a été corrigé à la baisse dans l’espoir de permettre aux banques de maintenir un certain niveau de liquidités et préserver, sinon augmenter la capacité des banques secondaires à prêter. C’est d’ailleurs cette capacité à soutenir le crédit à l’économie de manière flexible qui fait défaut dans la zone franc. Au niveau du Nigeria, le problème est que les banques secondaires sont tentées de prendre leur marge et reportent le risque et leur mauvaise gestion sur l’emprunteur en dernier ressort. Aussi, la solution serait de ne pas voir un taux directeur unique mais évoluer vers un taux directeur adapté et spécialisé afin d’avoir un taux directeur de la banque centrale par grands secteurs.