Questions sur l’actualité du 23 Mai 2012
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a publié le 15 mai 2012 à Lomé, les résultats pour l’année 2010 des comptes extérieurs du Togo. Dans le cadre d’une rencontre portant sur les échanges entre le Togo avec le reste du monde, le secteur des services a été mis en avant, notamment les transports, les télécommunications, le tourisme et d’autres services reçus de non-résidents, notamment la Diaspora togolaise qui n’est toujours pas recensée par les autorités togolaises.
La diaspora togolaise est ainsi exclue de toutes élections. Chacun a pu noter que « la part du Togo dans les échanges internationaux est en progression ». Les exportations des services qui se chiffrent à 14,4 % seraient supérieures aux importations, soit 9 % en 2010. Mais, il y a problème. En effet, d’après le dernier rapport du Fonds monétaire international portant sur les perspectives économiques régionales disponibles depuis avril 2012 offrent des chiffres de 2010, 2011 et 2012.
Les résultats du Togo sont plutôt en baisse. Jugez plutôt ! Le solde de la balance commerciale des marchandises du Togo exprimé en pourcentage de la richesse nationale (Produit intérieur brut (PIB)) est structurellement déficitaire variant entre -15,1 % en 2005 lors de la prise de pouvoir de Faure Gnassingbé, l’actuel président du Togo pour atteindre -13,6 % en 2010 lors du second mandat contesté par l’opposition togolaise. Mais le FMI révèle que la situation est en train de se dégrader avec -16,8 % en 2012 et -16,7 % en 2013. En comparaison, la moyenne des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMAO) est estimée à -3.5 % pour 2012 et -2.8 % pour 2013. Si l’on compare avec la Communauté Economique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), c’est le jour et la nuit. En effet, cette région atteint des résultats exemplaires avec 26.7 % du PIB en 2012 et 27.2 % en 2013. Un solde positif qui pose le problème de la qualité de la gouvernance dans la zone UEMOA que dirige actuellement le Togo. Rappelons tout de même que l’Afrique subsaharienne présente un solde positif moyen de 6.0 % en 2012 et 5.2 % en 2013. Donc en conclusion, les résultats négatifs marquant une dégradation avancée du Togo sont simplement mauvais et demandent des mesures correctives.
Le solde extérieur courant intégrant les dons reçus par le Togo est lui aussi structurellement déficitaire.
Avec un solde négatif de -9,9 % du PIB en 2005 lors de la prise de pouvoir sanglante par Faure Gnassingbé, la situation s’est légèrement améliorée en 2010 avec -7,5 % du PIB. Mais là encore, le FMI projette une détérioration avec -9,3 % du PIB en 2012 et 2013. Si on devait exclure les dons reçus, alors ce déficit se creuse avec -13.1 % du PIB pour 2012 et 2013. Alors que l’aide au développement reçu par le Togo ne constituait d’après le FMI que 1,2 % du PIB en 2005, puis 3,4 % en 2010, les 3,8 % prévus pour 2012 et 2013 tendent à démontrer que le Togo est de plus en plus dépendant des bailleurs de fonds, un signe d’incapacité à créer de la richesse.
D’ailleurs la dette publique est en augmentation avec 19,3 % du PIB à l’arrivée de Faure Gnassingbé en 2005, 24,8 % en 2010 puis des estimations à 29,3 pour 2012 et 28,4 pour 2013. Sans création de richesses et une distribution aléatoire pour ne pas dire restreinte à un cercle fermé, il est difficile d’annoncer des jours meilleurs pour les populations togolaises au plan économique. Il ne faut donc pas s’étonner si le solde budgétaire est passé en 2005 de -2,4 % du PIB à -3,4 % en 2010 pour des estimations à -6,6 % en 2012 et -5,8 % du PIB en 2013. Une dégradation que ne reflète pas la BCEAO en n’offrant que les chiffres de 2010.
Il ne faut donc pas se faire abuser par la croissance économique qui est passée de 1,2 % du PIB en 2005 à 4,1 % du PIB en 2010 avec des estimations à 4,4 % du PIB en 2012 et 4,6 % du PIB en 2013. Cette croissance n’est pas partagée avec l’ensemble de la population car le PIB par habitant avance à pas de tortue : 1,5 % en 2005, 1,6 % en 2010 et des estimations à 1,8 % du PIB en 2012 et 2 % en 2013. Mais si on rappelle qu’il faut en déduire l’inflation que reflète la croissance des prix à la consommation, passée de 6,8 % en 2005 à 3,6 % en 2010, pour tomber à 1,5 % en 2012 et remonter à 3 % en 2013, le peuple togolais stagne. Pour 2013, le différentiel entre le PIB/habitant et l’inflation est de -1. Le pouvoir d’achat des citoyens togolais serait-il en train de régresser de manière structurelle ? YEA.
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