Questions sur l’actualité du 26 Avril 2012
Faure Gnassingbé, l’actuel Président du Togo, a confié à Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan la présidence de la Commission vérité, justice et réconciliation. Celle-ci devrait permettre au Togo « d’exorciser » les crimes et violences politiques qui ont émaillé la vie politique du Togo entre 1958 à 2005.
Il ne s’agit surtout pas de s’interroger sur ce qui s’est passé depuis 2005 quand Faure Gnassingbé a pris le pouvoir dans des circonstances troubles avec entre 500 et 1200 morts et de nombreux blessés, ni sur les circonstances des élections dont les résultats sont soumis à caution au point de les comparer à une contre-vérité des urnes. Cette délicate opération doit nécessairement apparaître comme neutre et doit servir les intérêts d’abord de ceux qui ont commandité le travail. Est-ce qu’un ecclésiastique, plus aux ordres du Vatican et enclin à pardonner tout y compris l’impunité, peut permettre la vérité d’émerger au Togo ?
C’est ainsi qu’ainsi qu’après plus de trois années d’écoute et de témoignages de victimes et de bourreaux discrets, la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) a remis le premier d’une série de quatre rapports le 3 avril 2012 à Faure Gnassingbé. Les 309 pages ne permettent pas d’identifier les responsables des crimes, encore moins de les poursuivre devant la justice. Ce ne fut donc pas l’objet de la CVJR. Donc la CVJR aurait-elle pour objet d’absoudre les criminels qui courent encore au Togo ?
Des investigations faites par des ecclésiastiques peuvent-elles remplacer le travail de la justice ? Est-ce que les Commissions dites de « vérité et de justice » ne sont pas là pour faire passer par pertes et profits des contre-vérités et des injustices au point de transformer la réconciliation en un simple pardon comme les ecclésiastiques en connaissent le secret ? Mais le pardon est-il possible si certains sont des adeptes de la récidive au Togo ? Les réparations qui seront proposées risquent d’être pécuniaires, mais chacun sait qu’en Afrique, on commence à payer puis cela s’arrête… Des recommandations sont faites de ne plus recommencer. Une façon de prêcher dans le désert ? En fait non ! Ce travail de la CVJR a pour objet de permettre à Faure Gnassingbé de « demander pardon au nom de l’Etat » au peuple togolais.
En réalité, il a surtout remercié Gilchrist Olympio toujours à la tête de l’Union des Forces du Changement (UFC) avec ses amis, les AGO, les amis de Gilchrist Olympio, qui ont décidé, unilatéralement, de s’associer à un travail d’apaisement des esprits au Togo. Mais cela a créé une scission au sein même de l’UFC avec son ex-secrétaire général qui est devenu le Président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC).
Il est donc clair aujourd’hui que Faure Gnassingbé n’a pas encore demandé pardon au peuple togolais pour les crimes, exactions et violences politiques commis sous sa présidence au Togo. Alors pour fêter le 52e anniversaire de l’indépendance du Togo (27 avril 1960), il fallait changer l’image du Togo.
Pour ce faire, il fallait d’abord demander pardon grâce à la CVJR, institutionnaliser l’impunité et enfin dissoudre le parti créé en 1969 par le père Etienne Gnassingbé Eyadéma, l’ex-parti unique RPT, Rassemblement du Peuple Togolais, ce qui fut fait à Blitta, à 275 km de Lomé la capitale du Togo, le 14 avril 2012. Le multipartisme existe au Togo depuis 1991. Le nouveau parti créé et dirigé de manière provisoire par le fils Faure Gnassingbé, est appelé : Union pour la République (UNIR). Quelle est donc la différence entre le Rassemblement et l’Union ?
De nombreux Togolais et Togolaises avertis estiment que le changement de sigle ne va rien changer des méthodes musclées, parfois brutales, de gouvernance du pays, que cela ne devrait pas améliorer le pouvoir d’achat des citoyens dans le court terme alors que les recettes tirées du port et des exportations du phosphates permettent tout au moins de ne plus avoir trop de problèmes avec les organisations internationales. Mais toutes les recettes ne rentrent pas nécessairement dans les caisses du Gouvernement et ne profitent donc pas au peuple togolais. Alors, UNIR, juste un parti pour tromper la communauté internationale afin de modifier la constitution et refaire une série d’au moins deux mandats ?
L’exemple du Président Macky Sall au Sénégal qui a réduit son mandat de 7 à 5 ans renouvelable une fois devrait pourtant inspirer Faure Gnassingbé à annoncer son départ. YEA.
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