Questions sur l’actualité du 4 novembre 2011
Né au Soudan en Nubie, Mo Ibrahim est un authentique « Kamit » qui décroche son doctorat de télécommunications mobiles au Royaume Uni (Birmingham). Modèle de l’entrepreneur africain, il est devenu milliardaire grâce à de nombreuses innovations en télécom et en gestion. Sa vision : mettre le téléphone portable à la portée de tous en Afrique.
C’est en vendant sa société Celtel en 2005 qui comptait plus de 24 millions d’abonnés au téléphone mobile dans près de 14 pays d’Afrique, qu’il a, grâce aux 3,4 milliards de $EU empochés, créé la Fondation Mo Ibrahim. Son idée était simple : inciter à une meilleure gouvernance en Afrique.
Il choisit de créer un Indice annuel Mo Ibrahim, permettant d’évaluer la qualité de la gouvernance des pays africains. Le classement est passé de 48 à 53 pays en Afrique. Les premiers résultats classaient certaines dictatures parmi les meilleurs.
Au fil du temps, le système s’est affiné avec la participation des experts africains. Maurice, Cap Vert et Botswana sont les 3 premiers du classement de 2011.
Lancé en 2007, le Prix Mo Ibrahim, mieux que le Prix Nobel, est doté d’un prix de 5 millions de $EU payés sur 10 ans et doublé par le versement d’une rente annuelle à vie de 200 000 $EU pour récompenser un chef d’Etat africain qui a cédé volontairement le pouvoir tout en ayant contribué à l’amélioration de la sécurité, de la santé, de l’éducation, du développement économique et des droits politiques. Le bruit court qu’il s’agissait à l’époque de convaincre Robert Mugabe du Zimbabwe de céder le pouvoir.
Ce dernier assis sur le plus grand gisement de diamants au monde lui a rigolé au nez. Joaquim Chissano, ancien Président du Mozambique fut le 1er lauréat. Suivi de Festus Mogae, ex-président du Botswana. Le Comité indépendant dirigé auparavant par Koffi Annan a refusé d’attribuer un prix en 2009 et 2010.
Les mauvaises langues disent que la crise financière de 2007-2008 est passée par là. Mais, à quoi cela sert de donner tant d’argent à un Président pour avoir fait son travail correctement au service des populations ? Surtout si l’utilisation des fonds fait débat. Parmi 5 candidats, c’est l’ancien Président du Cap Vert Pedro Pires qui a été choisi en Octobre 2011 par le Comité dirigé par Salim Ahmed Salim, l’ex-Secrétaire général de l’OUA, pour le prix du leadership d’excellence « Mo Ibrahim ». En 15 ans, le Cap vert est devenu un modèle de démocratie, de stabilité et de développement en Afrique. Dès 1961, Pedro Pires a lutté avec Amilcar Cabral pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert.
Il a réussi là où d’autres ont échoué en organisant sa succession, préservant les acquis en quittant volontairement le pouvoir après des élections considérées comme les plus transparentes d’Afrique. Mais Mo Ibrahim est aussi un fin stratège. Ses relations lui permettent aussi de payer moins d’impôts sur le continent. Aucune fabrication de téléphone africain en Afrique à son actif pour le moment. YEA.
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