Questions sur l’actualité du 26 septembre 2011
Le 31 mars 2011, Mayotte est devenue le 101e département d’outre-mer de la France. De nombreux Africains (Afrique, Antilles et Diaspora) se demandaient pourquoi les Mahorais ont choisi de quitter l’indépendance, assez conflictuelle du reste avec les Comores, pour de nouvelles relations avec la France. Tous les amis des DOM-TOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, etc.) ont affirmé en cœur que les populations de ce département pourraient à terme perdre la « liberté » qu’elles ont crue obtenir.
En moins de 6 mois, le système foncier français a fait table rase de l’approche collective des terres ancestrales. Cela a conduit à faire une « annexion démocratique» de Mayotte à l’Etat français. Aujourd’hui, la réalité est que l’on chasse les Mahorais de leurs terres. Il y a aussi une discrimination aux dépens de ces derniers et au profit des nouveaux venus de la Métropole.
La soi-disante « mise en conformité progressive du droit local avec les normes métropolitaines » a fait que des habitants de l’Ile depuis plus de 1841 se voient spolier leur droit. Le préfet décide tout simplement que des familles locales sont « hors-la-loi » et ne sont donc plus propriétaires des lieux puisqu’elles ne détiennent pas ce que la France a créé pour s’emparer de Mayotte : la fameuse « Autorisation d’occupation temporaire (AOT) ». L’AOT, délivrée par l’Administration en préparation de la départementalisation, n’était délivrée qu’à titre provisoire. Son renouvellement n’est octroyé qu’à la discrétion du Préfet. Comme pratique arbitraire, on ne peut pas trouver mieux !
Aussi, l’Administration en organisant le plan d’occupation du sol a « inventé » la notion de la « zone des cinquante pas géométriques » (ZPG) qui fait que 81,20 mètres, à partir de la limite du rivage, sont protégés et considérés comme non-constructibles. Une telle loi dans une île correspond à une expropriation de fait, avec des exceptions notoires pour les plus riches, pour les plus puissants ou ceux qui sont proches du parti politique au pouvoir. Selon le Monde diplomatique (Carayol, juin 2011 : 12), 90 % des villages et près de 40 % de la population sont de fait soustraits à la propriété des Mahorais. La réalité est aussi que l’Etat ne fait pas dans la dentelle et refuse le droit coutumier ancestral qui n’exigeait pas un titre de propriété pour être propriétaire.
Ainsi, sur la base de décisions judiciaires, l’Etat détruit régulièrement les habitations des Mahorais. Le conflit commençait à frôler l’insurrection. L’administration a alors changé de stratégie. Elle a demandé de payer pour conserver une propriété en ZPG. Avec la spéculation, cela est devenu une raquette institutionnalisée où le Mahorais doit payer près de 50 % la valeur de ce qui lui appartient pour rester propriétaire. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h35 et 8h35.