Questions sur l’actualité du 10 Février 2012
Chacun s’est interrogé sur le rôle du Sénateur américain Chris Coon aux côtés de Mme Hilary Clinton lors de sa tournée en Afrique au mois de janvier 2012. Mr Coon, démocrate, a été élu il y a un an au Sénat américain et dirige la sous-commission des relations étrangères pour les Affaires Africaines.
Son légendaire engagement réel et effectif pour les pauvres aux Etats-Unis et dans le monde a été bien perçu par les électeurs de l’Etat de Delaware. La parfaite symbiose entre lui et sa population ne l’empêche pas d’allier ses convictions humanistes avec la diplomatie intelligente de Barack Obama.
Mais en réalité, c’est surtout sa propension à avoir toujours tenté le « bipartisanisme » bien avant l’arrivée de Barack Obama qui lui vaut un retour d’influence non négligeable. Le bipartisanisme n’est ni du centrisme à la française surtout que l’on ne sait plus qui est au centre sans être plus ou moins proche de la majorité présidentielle actuelle ou prêt à composer avec une future majorité présidentielle d’alternance.
Il s’agit de trouver des solutions pragmatiques à des problèmes qu’il faut résoudre dans le court ou moyen-terme par la négociation et le respect mutuel. Ce n’est donc pas le bipartisanisme du statu quo, ni le bipartisanisme fondé sur un projet de société équivoque et sans identité propre.
Il est certain que ni les Démocrates, ni les Républicains ne le perçoivent comme cela, d’où les ratés au Sénat en termes de consensus sur le social ou le budget en 2011. Le Sénateur Chris Coon n’est certainement pas celui qui fait obstacle à une forme humaine du bipartisanisme. C’est à la lumière de ce concept qu’il faut comprendre l’approche de l’Administration américaine en Afrique.
Par exemple, lorsqu’il s’est avéré clairement que les élections présidentielles en RDC (République démocratique du Congo) sont largement entachées d’irrégularités grossières et flagrantes de nature à invalider les résultats, les Etats-Unis se sont gardés de choisir l’un ou l’autre des candidats et ont préféré opter pour une résolution de crise politique par la voie du dialogue avec un refus assez marqué pour des solutions passant par la rue. Cela peut être mal interprété par des candidats malheureux qui estiment être les vrais vainqueurs de la présidentielle au Congo comme Etienne Tshisékédi, Président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social ou Jean Pierre Fabre, Président de l’Alliance nationale pour le Changement au Togo.
Mais, comment réconcilier la frange isolationniste dominante dans les partis africains avec le Peuple ? Les dirigeants africains floués mais légitimés par leur population ne pourront pas se contenter de rejeter tout en bloc en exigeant le rétablissement de la vérité des urnes par la rue, même si cette option ne peut être exclue comme le Peuple Tunisien vient de le prouver.
Aussi, la Diaspora africaine et les peuples africains, épris d’alternance pacifique, ferait bien de s’approprier ce concept et le réadapter à l’Afrique, car il ne s’agit rien de moins que de la palabre africaine intelligente. Le bipartisanisme africain, soutenu par des puissances comme les Etats-Unis, pourrait alors de comprendre comme une technique fondée sur la dissuasion. Il faut éviter les confrontations dans la rue et à fortiori entre les militaires républicains ou non républicains pour éviter les effusions de sang.
Avec un tel postulat, la porte est ouverte à toute forme d’abus et de renforcement du statu quo. Mais si les négociations prennent forme sans que cela ne profite à celui qui s’est maintenu au pouvoir par la force des militaires et qui refuse de partir à la fin des négociations, il faut croire que le bipartisanisme consiste en fait à mettre de côté les « égos » des uns et des autres pour imposer une entrée au gouvernement de l’opposition. Le problème est que les partis d’opposition en Afrique estiment régulièrement ne pas être minoritaires.
Alors le bipartisanisme ne marche-t-il qu’aux Etats-Unis ? N’est-ce pas ce que les Africains ont tenté de faire sous le nom peu glorieux de « gouvernement d’union nationale » ? Quelle alternance avec un gouvernement d’union nationale si le programme politique et économique est le même, parfois et trop souvent encore dicté par les puissances occidentales ? Il est pourtant question de renouer avec une coexistence pacifique en 1. bloquant l’expansion de la confrontation ; 2. En imposant la dissuasion autour d’un système d’alliance fondée sur une nouvelle dynamique de la politique africaine des Etats-Unis.
Or, les Etats-Unis n’oublient pas de défendre leur logique de la sécurité collective et leurs intérêts d’abord. YEA.
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