Questions sur l’actualité du 19 juin 2012
C’est à Libreville au Gabon que s’est tenue le 8 et 9 juin 2012 la première édition africaine du « New York Forum Africa » dirigé par le publicitaire Richard Attias et ses associés, le mari de l’ex-Mme Sarkozy, Cécilia Ciganer-Albéniz, aujourd’hui Mme Cécilia Attias, suite à une cérémonie religieuse le 23 mars 2008 dans une synagogue de New York. Les deux jours de réunion à Libreville ont permis à de potentiels partenaires privés et publics d’identifier plus en détails, mais aussi en mettant des noms sur les contreparties africaines, les chances de succès de projets d’investissement et des opportunités de développement économique. Alors que le journal « The Economist » titrait en couverture sur l’Afrique, il y a à peine 11 ans « Le continent sans espoir » (Hopeless continent) et y croyait fermement, voilà qu’il y a quelques mois, la même revue titrait le contraire avec « Africa rising » que l’on peut traduire par « l’Afrique en émergence ». En fait, comme personne dans le monde occidental n’y croyait vraiment, il a fallu que les 12 ans de croissance économique finissent par convaincre. En réalité, c’est le bon niveau de la nouvelle capacité d’endettement des pays africains et donc de marge de manœuvre économique de l’Afrique qui ouvrent les perspectives des potentiels investisseurs. Alors, de peur de voir les affaires se faire sans ceux-là mêmes qui ne peuvent croire sans avoir vu, ceux qui projetaient les images négatives et catastrophiques sur l’Afrique, face à la stagnation de la croissance économique dans les pays riches, ont choisi de promouvoir une image plus optimiste de l’Afrique. Cette image se limite à venir faire des affaires car les taux de rentabilité y sont mieux qu’ailleurs. Il ne s’agit pas principalement de venir s’occuper des problèmes des Africains en priorité. C’est ce malentendu qui est à la base de la frénésie de certains chefs d’Etat africains pour lancer, à grand renfort d’argent et de facilités fiscales, des foras de grands investisseurs.
Certains pays comme le Gabon en juin 2012, ou le Nigeria mais aussi l’Afrique du Sud, et la Côte d’Ivoire (en fin d’année pour ce dernier pays) sont en train d’organiser des grandes réunions pour attirer les investisseurs étrangers sur leur territoire. Le problème, il n’y a souvent pas de guide de l’investisseur, rarement un centre de gestion agréé pour faciliter la navigation entre les institutions africaines trop dépendantes de l’interventionnisme de l’Etat, pour ne pas dire du Chef d’Etat et parfois des alliés militaires ou des réseaux claniques ou ésotériques. Il faut donc réunir des investisseurs mais aussi tous les acteurs qui soutiennent une forme de prédation économique de l’Afrique. Cela est souvent caché derrière les mots comme « développement » ou « économie émergente » mais de plus en plus derrière la redéfinition de la gouvernance d’entreprise, la création de la valeur à moyen et long-terme, la refonte des modèles d’entreprise et le partenariat public-privé.
Mais quel modèle veut le Gabon, pays-hôte ? Le ministre de l’Economie du Gabon, Luc Oyoubi, a été un peu plus clair : «Nous voulons une croissance verte et nous voulons une croissance inclusive. C’est à dire une croissance qui protège notre environnement et qui associe de la même manière toutes les couches de la société ». Alors la vraie question : pourquoi cela n’a pas été le cas avant pendant les 5 dernières décennies ? Pour ne pas s’attirer des ennemis, la question restera ouverte.
Alors, si tous les potentiels investisseurs veulent investir au Gabon ou en Afrique uniquement pour rapatrier les profits effectués, quand est-ce que les fruits de cette « croissance économique » seront inclusifs autrement dit, redistribués selon des règles transparentes et prévisibles. YEA.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 6:00 — 2.7MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.