Questions sur l’actualité du 14 juin 2012
S’il y a un continent où le nombre de jeunes entre 15 et 24 ans est en augmentation rapide, c’est bien en Afrique. Le problème est que c’est aussi le continent où il y a un véritable gaspillage de ces jeunes. Ils sont les bouc-émissaires de la plupart des problèmes et maux du continent. Ils ne peuvent s’exprimer car souvent empêchés. C’est souvent à la maison dans le cadre de l’éducation familiale que l’enfant, puis le jeune, apprend qu’il ne doit pas s’exprimer quand un adulte s’exprime. Cette fausse marque de politesse conduit de nombreux jeunes à deux attitudes radicalement opposées. Les premiers sombrent dans le « beni-oui-oui » et forment la grande majorité d’Africains qui attendent tout sans prendre aucune initiative puisque c’est justement ce que les parents et l’entourage familial et ethnique leur imposent.
Les seconds plus critiques n’hésitent pas à se révolter plus tôt, parfois en respectant les règles de politesse locale, parfois pas… Dans tous les cas de figures, l’insouciance et le fait de se confier au destin conduit de nombreuses femmes à avoir au moins 3 ou 4 enfants en moyenne pensant ainsi acquérir une sorte d’assurance tous risques pour la famille lorsque la vieillesse commencera à pointer son nez. Tout ceci relève de l’ignorance, de la mauvaise organisation en termes d’assurance contre les risques de la vie. Mais comment cotiser pour une assurance quand le pouvoir d’achat n’est pas au rendez-vous ? Ou quand il n’y a pas de salaires, et donc pas d’emplois ? Avec la population la plus jeune au monde, l’Afrique avec ses 200 millions de jeunes, soit 20 % de la population africaine (entre 15-24 ans) devrait constituer près de 40 % de la force de travail du continent. Malheureusement, ces jeunes représentent entre 40 % et 50 % des chômeurs en Afrique. Il faut donc systématiquement faire le lien entre la naissance d’un enfant en Afrique et les chances de le retrouver au chômage 18 ans après. Si de nombreuses mamans et papas africains avaient cette information, peut-être que les mamans auraient moins envie de rentrer en concurrence pour s’imposer auprès des maris, surtout ceux qui ont choisi la polygamie ou les 2e voire 3 bureaux, pour multiplier les progénitures. Elles pourront offrir plus à un nombre plus restreint d’enfants.
Le taux de croissance économique de l’Afrique entre 4,5 % et 5 % en 2012 selon les institutions est une bonne nouvelle. Mais cela ne se retrouve pas au niveau de la création d’emplois, ni au niveau de la formation adaptée permettant d’absorber plus de 40 millions de jeunes, privés de travail ou occupant des emplois précaires et non décents. Ne rien faire, se livrer à la délinquance, émigrer dans des conditions d’ignorance totale de ce que l’on va rencontrer en route ou à l’arrivée sont quelques-uns des problèmes. Mais c’est qu’il n’y a rien qui leur est proposé non plus.
Les jeunes ne rêvent pas d’Afrique tant les aînés ont bloqué l’initiative et balisé leur « pouvoir » sur les jeunes par des pratiques traditionnelles, les relations qui empêchent de penser et d’innover… Alors bombe à retardement ? Oui, déjà dans la famille, dans la proximité… Face aux échecs, ces jeunes deviennent vulnérables aux pièges de toutes sortes. Les frustrations concernent aussi les relations entre garçons et filles entre 15 et 24 ans… il n’est pas rare d’entendre des jeunes garçons vous raconter qu’ils se sont faits « renvoyés » avec humiliation car la petite copine de ses rêves avait choisi de suivre un homme plus âgé, disposant de moyens financiers consistants. Il suffit que la famille y trouve son compte pour que l’on rentre dans la dénaturation des valeurs.
Mais le contraire est aussi vrai. Les jeunes gens ne souhaitent plus « sortir » avec des filles qui n’ont pour seules motivations que de « plumer » ceux des garçons qui peuvent leur offrir ce qui permet de satisfaire des désirs parfois démesurés… Alors quelles chances pour les 40 millions de chômeurs parmi les jeunes ? L’essentiel des emplois provient des petites entreprises malgré les obstacles causés par l’Administration africaine. Certains fonctionnaires sont particulièrement zélés dans leur capacité d’embêter, pour ne pas dire harceler, l’entrepreneur africain sans d’ailleurs comprendre que ce sont les impôts de ce secteur privé qui permettent de payer leur salaire de fonctionnaire. Alors, il faut expliquer, former et libérer les potentialités des jeunes dans le monde de l’entrepreneuriat, en commençant par les zones rurales.
C’est donc bien à l’Etat de mettre en place un environnement favorable pour aider le secteur privé à créer davantage d’emplois. YEA.
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