Questions sur l’actualité du 11 juin 2012
Les dirigeants maliens comme ceux de la CEDEAO (Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest) brillent par le non-respect des dispositions constitutionnelles. Une pratique bien africaine auraient dit certains ! Le Capitaine Sanogo en tête choisit de ne pas laisser l’ex-Président Amadou Toumani Touré (ATT) finir le un mois qui lui restait pour terminer son mandat constitutionnel.
Le Putschiste a plusieurs morts sur le dos et se voit offrir le statut d’ex-chef d’Etat grâce au couple Alassane Ouattara, Président en exercice de la CEDEAO et Blaise Compaoré, Président du Burkina-Faso lesquels, d’après les critiques à huis clos des autres chefs d’Etat de la zone, ont manqué de les associer aux prises de décision au point de créer une sorte d’exaspération. Quelle que soit la façon dont la CEDEAO s’est imposée aux dirigeants maliens, il faut bien reconnaître que certains dirigeants de la CEDEAO, dont des putschistes « normaux » et des putschistes « constitutionnels », ont refusé de respecter les termes de la constitution malienne.
En effet, Dioncounda Traoré, de facto le Président intérimaire pour 40 jours, a vu son mandat prolongé par la CEDEAO pour une période d’un an, ce depuis le 22 mai 2012. Ce non-respect de la Constitution a permis à divers groupes armés de mettre la Constitution malienne à la poubelle pour prendre possession par la force du vaste territoire au nord du Mali. On trouve des terroristes-mafieux d’Al Qaïda, les islamistes extrémités d’Ansa Dine, les Touaregs du Mouvement National de Libération de l’Azawad, et de nombreux autres dissidents.
Le Président Dioncounda Traoré est rejeté par une partie de la population malienne au point d’avoir subi des coups de ces derniers au sein même du palais présidentiel du fait de l’absence d’une sécurité rapprochée. Conséquence : sous le couvert d’un « bilan médical prévu de longue date », thèse officielle, le Président intérimaire se fait soigner à Paris depuis le 23 mai avec des prolongations qui laissent supposer qu’il ne s’agit plus d’un « simple bilan ». Alors complications médicales ? Peut-être ? Complications politiques au Mali et embarras de la CEDEAO et de l’Union africaine ? Certainement ! « …du temps pour se rétablir disent les proches du Président ». Il suffisait pourtant de respecter les délais constitutionnels et rien ne serait arrivé à Dioncounda Traoré.
Alors que la CEDEAO a complétement marginalisé l’Algérie, la Mauritanie dans les solutions à apporter à la crise malienne, il faut reconnaître aujourd’hui que la CEDEAO a « fauté » ; en fait il s’agit de deux présidents de la région qui imposent leur vue aux autres. Alors, pendant qu’au Nord les groupes d’Islamiques radicaux comme Ansar Dine et les Touaregs nationalistes de MNLA n’arrivent pas à trouver l’impossible consensus entre le « tout Islam » et le « sans Islam » pour ce qui est du statut de l’Etat Azawad, la CEDEAO transmet la patate douce chaude à l’Union africaine. Je rappelle que la Patate douce est le Mali.
L’Union africaine dépêche son Président en exercice qui oublie de lire la Constitution malienne et comprend vite qu’il n’y a pas d’argent à l’Union africaine, ni à la CEDEAO, ni d’ailleurs de militaires africains pour faire la guerre contre Al Qaïda. Alors, on tente de réveiller les vieux accords de défense avec la France qui n’ont pas fonctionné déjà au temps du Président ATT. La visite à Paris de Yayi Boni, le Président en exercice de l’UA s’est soldée par un échec. Pas d’ingérence de la France et retour à la case responsabilité des dirigeants Africains. François Hollande, le Président français, empêtré dans le rétablissement de l’équilibre de comptes publics et le désarmement accéléré de l’Afghanistan, n’a aucune envie d’aller s’embourber dans le désert malien, ce d’autant plus qu’il y a encore des otages français et récemment des otages algériens sous la coupe des terroristes-mafieux d’AQMI, le volet Maghreb d’Al Qaïda.
La France n’a pas voulu porter la « patate douce chaude » toute seule. François Hollande a donc conseillé que l’UA prenne ses responsabilités et saisisse le conseil de sécurité car aucune action de la France ne se fera en dehors du cadre de l’ONU. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Thomas Yayi Boni, le Président en exercice de l’UA propose que « L’UA renforce sa position pour que le Conseil de paix et sécurité (de l’UA) puisse saisir le Conseil de sécurité de l’ONU». Il s’agit de créer une force africaine sous l’égide des Nations Unies. Mais avec quel budget ? Avec quels équipements et logistique ? Qui blâmer en cas de pertes en vies humaines ? Et combien de temps pour mettre tout ceci en route avec des chances d’avoir des solutions autres que celles proposées par Kofi Annan en Syrie ? YEA.
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