Questions sur l’actualité du 1 juin 2012
D’après les Nations Unies, la part des Africains qui vont vivre dans une zone urbaine est en augmentation rapide. Le taux d’urbanisation sur le sol africain devrait passer de 39,98 % en 2010 à 61,60 % en 2050. Rappelons, la progression de ce taux est rapide pour l’Afrique subsaharienne qui est passée d’un taux de 28 % de la population en 1990 à 37 % de la population avec une progression annuelle de plus de 4 % en moyenne.
Alors comme c’est dans les villes que les agglomérations de compétence se font plus rapidement, c’est aussi vers les zones urbaines qu’une grande partie de la population africaine sera attirée. La migration vers les villes ne doit pas reposer sur un faux mythe consistant à croire que les populations quittent les zones rurales vers les zones urbaines parce qu’elles rejettent la ruralité. Alors il faut arrêter de croire que les migrations vers les villes reposent sur un rejet de la campagne ou de la ruralité.
C’est au contraire, parce que les agglomérations de compétence sont plus difficiles à constituer en zones rurales que cela donne l’impression que les jeunes ou moins jeunes fuient vers la ville où la densité élevée ne doit plus être un handicap, si l’on résout le problème de l’emploi et du logement salubre. La promiscuité, les logements chez la famille ou l’habitant souvent dans des conditions de précarité et d’augmentation aléatoire des loyers forçant certaines jeunes filles à se prostituer par intermittence ne sont que des effets secondaires du manque de création d’emplois en zone urbaine. La dynamique d’urbanisation semble bien hypothéquée. Alors une question doit être posée.
Ne faut-il pas alors conseiller aux jeunes citadins de repousser à un peu plus tard la fondation d’une famille en donnant naissance à de nombreux enfants, notamment une fois qu’une certaine stabilité économique est au rendez-vous grâce à un emploi ou une affaire commerciale même dans le secteur informel ? Car il s’agit de donner le plus de chances à ceux qui arrivent en ville de pouvoir trouver des repères et sans travail et sans argent, c’est difficile. Certains jeunes ou moins jeunes très actifs confondent polygamie et multiplication des conquêtes amoureuses, parfois juste pour survivre.
Le grand chanteur congolais, Franco, a immortalisé le phénomène dans sa fameuse chanson « Mario », ce garçon qui vivait au crochet des « Nana Benz », certaines de ces riches commerçantes qui ne demandent pas mieux d’avoir un chômeur pour leur service particulier. Ce sans-emploi est parfois appelé le déclassé, le dévalué, le conjoncturé, le déflaté, etc… selon les crises en Afrique. L’inverse est aussi fréquent une polyandrie sans passer par la case « mairie ou mariage ». C’est la femme, généralement jeune qui choisit celui qu’elle va « plumer »… et cela semble marcher…
Avec l’urbanisation rapide et spontanée souvent en dehors des plans d’occupation des sols – quand ils existent, ouvrent le champ à des nouveaux risques que sont les inégalités, l’insécurité, la pollution et les maladies.
Alors, l’urbanisation en Afrique est-elle synonyme de multiplications de bidonvilles en Afrique ? Malheureusement c’est le cas pour près de 60 % des grandes agglomérations africaines.
Pourtant c’est bien dans les villes africaines que l’on trouve les plus grandes opportunités en termes d’éducation, de soins de santé, d’emplois, et d’opportunité d’affaires. Mais la concurrence est rude et les migrations rapides et non planifiées conduisent à une structuration asymétrique de la société de ceux qui s’en sortent et ceux qui restent sur le carreau. Le problème est que cette stratification finit par se reproduire au niveau des espaces décisionnels, surtout si l’on y inclut les nouveaux riches qui proviennent des militaires ayant versé dans le business au lieu de servir la République.
Les gestionnaires des agglomérations africaines doivent inclure dans leur programme de formation des séances pour préparer les migrants à s’installer en ville. Ce programme pourrait d’ailleurs s’élargir pour les migrants vers les pays étrangers notamment l’Europe.
Car si le migrant comprend les difficultés réelles en Occident et se voit offrir une opportunité de retourner en zone rurale avec une autonomie énergétique et en eau, il faut parier qu’il ou elle ne viendra pas grossir les rangs ni des nouveaux pauvres en zone urbaine, ni des laissez-pour compte des politiques de l’immigration non choisie. YEA.
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 6:21 — 2.9MB) | Embed
S'abonner aux Podcasts : RSS
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.