Questions sur l’actualité du 29 Mai 2012
Quand on définit la déglobalisation comme un processus de baisse continue de l’interdépendance et de l’intégration des économies entre elles, il est difficile d’imaginer que les tenants du capitalisme financier, lesquels ne cessent de prôner l’intégration des marchés et des économies, se mettent à faire un virage à 180 degrés. D’ailleurs, cela ne se décrète pas.
Les politiques économiques sont devenues beaucoup trop dépendantes du secteur privé mondial, notamment des acteurs des marchés financiers comme des entreprises transnationales. Le capitalisme connaît donc bien une crise car l’Etat se fait « réguler » par le marché, alors que c’est le contraire qui doit prévaloir.
Le grand dogme consistant à maximiser la valeur de l’actionnaire improprement appelé « retour sur investissement » aux dépens de la rétribution à sa juste valeur du travail est en crise. Les variables d’ajustement que pouvaient être les inégalités dans le système fiscal ou les systèmes sociaux aux dépens des travailleurs touchent à leurs limites.
Aujourd’hui, le changement consiste à inverser les choses. La pression sur les Etats pour répondre aux désidératas des marchés, notamment le secteur financier et les banques d’investissement spécialisées dans la spéculation, ne fait plus peur aux gouvernements courageux. De nouveaux dirigeants européens sont en train d’émerger forts des soutiens des alternatives prônées par une société civile qui ne désarme pas. Ces nouveaux dirigeants sont prêts à promouvoir les valeurs (justice, meilleure répartition) et donner un sens à l’économie au service de l’humain.
La déglobalisation peut alors devenir synonyme de démondialisation comprise comme une organisation alternative de l’économie mondiale, ce qui n’exclut nullement l’augmentation des interdépendances mais celles-ci ne doivent plus être sous les fourches caudines d’un marché financier qui tue la production et l’emploi, et donc le social. Ce n’est plus tant le rentier qui est contesté mais le spéculateur. Quand ce spéculateur devient la structure commune d’intermédiation constituée par la finance mondiale et les institutions financières qui prônent la dérégulation pour faire de l’argent sans en avoir et se faire payer leurs mauvaises gestion et dettes par les contribuables, alors oui, ce capitalisme-là n’est plus régulé. Il est en crise. Il devient même un danger pour l’avenir de la société. Alors si chacun s’accorde que ce n’est pas ni le G8 ni le G20 qui ne représentent pas les pauvres qui pourraient œuvrer pour une meilleure régulation mondiale, encore faudrait-il que les pays africains y soient réellement représentés en tant que pays acteurs et non simples « invités » et « observateurs ». En filigrane, il s’agit bien d’offrir une nouvelle architecture plurielle du système économique mondial au service des humains. Mais sans la voix « collective » des Africains, il faut croire que la démondialisation ou la déglobalisation au sens d’une approche alternative, pourrait n’être qu’un slogan qui va à l’encontre des intérêts des peuples, africains en particulier. Ceci est d’autant plus évident dès lors que les dirigeants africains peinent à proposer eux-mêmes des alternatives au service de leur peuple. L’union africaine qui peine toujours à trouver un consensus sur le prochain Président de la Commission devrait peut-être aller chercher les solutions en dehors des politiques. La société civile et la diaspora africaines offrent des alternatives bien plus crédibles. Alors entre démondialisation et déglobalisation, les Africains doivent compter sur eux-mêmes et s’impliquer de plus en plus dans l’économie de proximité. YEA.
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