Questions sur l’actualité du 28 Mai 2012
Au lieu de parler de protectionnisme, ce qui serait automatiquement sanctionné par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tous les Talibans de la globalisation ont cru que la « mondialisation » était synonyme de « dérégulation ».
Alors prise dans le tournis des échanges mondiaux asymétriques, la dérégulation a finalement tué l’économie de proximité au profit de l’économie mondialisée. Il fallait donc promouvoir la « démondialisation ».
Cela a plu à de nombreux électeurs ici et là et a permis un rééquilibrage des thèses des partis politiques considérant que les fruits de la croissance devaient profiter aussi, et peut-être d’abord, au travailleur et moins à l’actionnaire, surtout si ce dernier est un spéculateur.
Autrement exprimé, c’est le constat non-dit qu’une certaine dictature des marchés financiers asphyxie les Etats européens, et par ricochets, les populations. Lorsque les acteurs du marché, notamment ceux du secteur privé obtiennent des crédits de la Banque centrale européenne à des taux préférentiels et les rétrocèdent aux Etats avec une sacrée marge et que les banques centrales nationales complétement neutralisées, ont vu leur pouvoir passer au niveau de la BCE laquelle refuse de soutenir directement les Etats pour garder son indépendance, le citoyen estime qu’il est doublement trompé. Il y a là une question politique.
L’interventionnisme de l’Etat au niveau européen n’est plus une hypothèse d’école même si personne ne veut remettre en cause l’indépendance de la Banque centrale européenne. La BCE en prêtant directement aux Etats sur la base de critères transparents pourraient soutenir efficacement des Etats exsangues qui ont déjà soutenus les acteurs privés, les mêmes qui bénéficient de taux d’intérêts faibles de la BCE.
La crise de solvabilité de la zone Euro, et plus particulièrement de pays comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, pourrait conduire à un électrochoc faisant sauter le statu quo actuel. La croissance économique prônée par le nouveau Président français, François Hollande, pourrait aussi signifier qu’il n’y a aucune « fatalité » à ne pas toucher au traité constitutionnel européen. Une annexe juridique au traité avec une revalorisation de la croissance économique au service de la justice et du social ainsi que des possibilités de remboursement des dettes des Etats sur des délais raisonnables, à moyen et long terme, avec le concours d’autres acteurs que l’union européenne et le FMI pourrait grandement arranger les créanciers comme les pays en voie de défaillance au sein de l’Union européenne.
En fait, la souveraineté démocratique des pays européens pris individuellement ne peut passer par pertes et profits uniquement parce que certains pays européens disposant d’une notation AAA décident de résoudre le problème d’un autre pays européen en défaillance selon un point de vue réductionniste. Autrement dit, la méthode allemande, malgré des résultats probants, n’est pas la solution pour les pays qui ne disposent pas d’une capacité d’exportation de biens à valeur ajoutée. Les solutions qui doivent se faire uniquement au sein de l’Union européenne et avec l’appui du Fonds monétaire international ne sont plus tenables. Le mécanisme européen de stabilité a montré ses limites dès lors que l’on commence à citer d’autres pays européens que la Grèce, eux aussi en défaillance économique avancée. C’est donc bien le capitalisme qui n’a pas fonctionné dans ces pays au point de faire croire à une dérégulation du capitalisme. YEA.
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