Questions sur l’actualité du 24 Mai 2012
La diversification des exportations africaines est en plein boom. Mieux, la réciprocité dans les échanges entre la Chine et l’Afrique en tant que continent s’améliore. L’Afrique est en train d’exporter plus vers la Chine que vers les Etats-Unis. La part des échanges de l’Afrique ne dépassait pas les 10 % en 2008 alors qu’en 2011, cette part a atteint 18 %, soit une hausse de 28 %, soit 160 milliards de $UE enregistrés. Les importations africaines en provenance de Chine, négligeables en 2002, sont passées à 59 milliards de $UE en 2010, et à 73 milliards en 2011. Mais c’est souvent la Chine qui suscite ces importations par une demande régulière.
Il faut faire attention que certains commerçants africains ne soient pas transformés en simples « agents commerciaux » des produits chinois, non sans prendre une marge substantielle au passage. Les Africains qui importent de Chine sans s’interroger sur leur fonction dans la création de valeur ajoutée pour l’Afrique peuvent avoir des surprises à terme.
Il arrive très rapidement qu’à force de constater les marges importantes prises par les commerçants africains, de nombreux entrepreneurs chinois choisissent d’envoyer un des leurs en Afrique pour poursuivre les échanges selon des normes qui permettent de rester longtemps sur le marché sans prendre des marges exorbitantes. Tout ceci permet de rester compétitif et d’éviter que les marges exorbitantes constatées chez certains commerçants africains ne viennent mettre un terme à l’échange sur le long terme. Cela ne veut pas dire que des commerçants chinois ne prennent pas des marges exorbitantes ici et là. Mais globalement, c’est la volonté de rester longtemps sur le marché et de réaliser des échanges sur le long terme qui prévaut.
Il ne s’agit nullement de condamner tous les commerçants africains. Mais les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette leçon donnée par les opérateurs chinois en Afrique n’a pas véritablement été considérée par un grand nombre de commerçants pour changer leur méthode de travail et avoir une vision de long terme. C’est aussi cette approche qui sous-tend l’émergence d’un processus d’industrialisation et de transformation en Afrique des matières premières du continent, encore embryonnaire.
C’est bien le lien entre le commerce et l’industrie qui facilite la création d’emplois décents et durables en Afrique. Avec une augmentation plus rapide des importations africaines en provenance de Chine (4 %) par rapport aux exportations africaines de la Chine, il y a un différentiel qui convient de colmater. L’idéal serait que l’Afrique exporte plus qu’elle n’importe de la Chine. Rappelons qu’il y a eu un léger progrès avec une part des exportations de la Chine en Afrique passant de 2,0 % en 2002 et à 3,8 % en 2011. La Chine ne souhaite pas coloniser l’Afrique aujourd’hui contrairement à ce qui se dit ici et là. Mais il faudra que les dirigeants africains aient plus de courage et d’anticipation sur la vision à long terme. Les dirigeants sont encore loin de se convertir au non-alignement au plan politique et économique à la différence des pays émergents. La Chine, avec ses énormes réserves de devises (plus de 2500 milliards $US en 2012), peut se permettre, tant dans le secteur public que dans le privé, d’offrir les financements nécessaires pour réaliser rapidement les infrastructures de bien-être et de communication en Afrique. Ce sont ces investissements de base qui viendront en soutien aux investissements dans le secteur productif et permettront une amélioration de la diversification de la production en Afrique. Mais c’est surtout la confiance mutuelle qui va fonder les relations futures entre la Chine et l’Afrique. La Chinafrique n’est donc pas mafieuse à priori et ne peut être comparée à la « Françafrique », ce d’autant que la Francophonie économique demeure une coquille vide. La Chine ne pourra monter en puissance dans le savoir-faire et la réalisation d’infrastructures de bien-être en Afrique que si les contrats sont transparents. Malheureusement, la société civile africaine n’est que très peu impliquée. Peu de Chinois en Afrique, disposant d’une expertise technique, la diffuse. Alors, toute cette forme d’assistance de la Chine s’apparente plus à une bonne opportunité de créer des emplois pour le peuple chinois en Afrique.
Il faut éviter à terme des situations explosives comme en Zambie où ce sont des ressortissants chinois qui contrôlent toute la chaine avicole, certains Zambiens en viennent à exprimer leur radicalité comme n’importe quel parti politique d’extrême droite en Europe. YEA.
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