Questions sur l’actualité du 30 Mars 2012
C’est le 4 mars 2012 qu’une explosion terrible a semé la panique à Brazzaville, en République du Congo. Plus de 500 morts et de nombreux blessés, des handicapés, des sans-abris et des déplacés non relogés, et des laissés-pour-compte. La première responsabilité d’un dirigeant politique et de son équipe est d’assurer la sécurité et la quiétude à ses habitants.
Mais ni le Maire de la ville de Brazzaville, ni le Président de la République, ni aucun des ministres n’ont démissionné. Bref, après l’explosion d’un dépôt de munitions en pleine ville, la population reste choquée et fâchée. Avec des secours inexistants puis désorganisés, des hôpitaux sans moyens, il a fallu faire appel à la communauté internationale.
Au plan économique, le coût de la non-maintenance du dépôt, des munitions et des stocks d’armes perdus, le coût de l’aide internationale et celui de la prise en charge et compensation du manque à gagner pour les populations (inexistants) pourraient avoir contribué à financer au moins deux hôpitaux avec un système de pompiers et d’ambulances efficaces. Alors, dans un pays où l’argent ne manque pas, quel est le problème ? Manque de vision ? Un « je m’en foutisme institutionnalisé » ? La peur de déranger les « en-haut-d’en haut ? »… Ou tout ceci en même temps ?
La rancœur des populations est profonde et tenace. S’il fallait faire des élections libres et démocratiques avec la vérité des urnes, le Président de la République, Denis Sassou Nguessou et son Gouvernement ainsi que le maire de Brazzaville perdraient leur poste. Mais on est en Afrique où malgré des financements mis à disposition pour transférer les dépôts de munitions loin du centre-ville, rien n’a été fait. Impunité encore ! Mais, cet argent a bien été alloué ? Mais à qui ? Ni le ministre de la Défense, ni le Chef d’Etat-major ne donnent des explications convaincantes.
Il ne s’agissait pas d’un attentat. Sauf que si ce dépôt était tombé dans les mains de rebelles, c’est la République qui sautait. Donc, la thèse de l’accident reste celle retenue officiellement. En fait, la vraie « fausse » thèse est celle de la « fatalité ». C’est la faute au destin. C’est donc le destin qui aurait fait preuve de malveillance, d’inadvertance et aurait causé le court-circuit. C’est le destin qui aurait « fumé » et oublié d’éteindre le mégot qui aurait tout embrasé. Mais pourquoi si peu de communication ? Chacun croyait au coup d’Etat pensant la guerre civile de 1997 repartie de plus belle.
Certains affirment même que la préoccupation première du Gouvernement était non pas de se préoccuper des populations mais de se mettre à l’abri. Bref, sauver sa peau d’abord ! Les populations n’ont qu’à attendre. La seule réprimande consistant en conseil de ministre extraordinaire du soir à 19h30 pour les ministres concernés est de « baisser la tête » en signe de « honte ». Pourtant, ce n’est pas la première fois en Afrique que cela se produit. Donc, les dirigeants concernés n’apprennent pas des expériences des autres. A force de croire que tout le monde leur en veulent, de nombreux dirigeants ont installé en plein centre-ville, une ou plusieurs garnisons militaires devenues autant des dépôts de munitions que des prisons et des espaces de protection et de redéploiement en cas de coup d’Etat.
Résultat de cette politique anti-citoyenne ? 104 morts en République démocratique du Congo en avril 2000, 42 morts en 2001 en Guinée Conakry, 1000 morts à Ikeja près de Lagos au Nigeria en janvier 2002, 100 morts à Maputo au Mozambique en mars 2007, 26 morts en avril 2009 à Dar-es-Salam en Tanzanie, et tous ceux plus modestes qui n’ont pas été répertoriés…
Alors la compassion de ceux qui promeuvent l’impunité semble bien dérisoire. YEA.
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