Questions sur l’actualité du 21 décembre 2011
Malgré son âge, 79 ans et ses pertes de mémoire par intermittence, l’ex-Président français, Jacques Chirac a été condamné à 2 ans de prison avec sursis. Pourquoi ? Pour avoir dans les années 1990, en tant que Maire de Paris, offert des emplois fictifs…
En réalité, on ne saura jamais s’il a été condamné pour responsabilité sans faute ou alors carrément pour responsabilité avec faute et même préméditation. Cette condamnation est peut-être, avec le « Non » au référendum sur la Constitution européenne, son second cuisant revers pour un Gentleman politique.
Mais une condamnation, dont il pourrait ne pas se souvenir, permet surtout de « féliciter » la justice française. L’exemple est donné. Le premier chef d’Etat condamné, à peine dépouillé de son immunité d’homme politique. Nul n’est intouchable en France. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui pourraient s’en souvenir. Alors la condamnation d’Alain Juppé à un an d’inéligibilité dans cette même affaire d’emplois fictifs sonne comme un « coup pour rien ».
Tout le monde a pitié. C’est qu’avec le temps, la virulence des attaques contre Jacques Chirac s’est diluée comme du sucre de canne dans l’eau. La transaction financière avec la Mairie de Paris aux couleurs socialistes ne change donc rien. Retrait de la plainte précédée d’une transaction financière avec le parti UMP (Union pour la majorité présidentielle) n’émeut pas les juges français.
Contestant la décision, le condamné ne fait pas appel. Il n’est donc pas innocent.
La justice a donc bien jugé. Mais qu’est-ce qui a été jugé ? Jacques Chirac ? Non pas seulement ! L’impunité des « politiques ». L’indépendance des juges et la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire respectée. Vive cette France-là.
Mais pourquoi est-ce que cela ne se passe pas ainsi en Afrique en général, en Afrique francophone en particulier. La cour de justice de l’Union africaine n’a toujours pas vu le jour pour juger les chefs d’Etat africains, adeptes de l’impunité.
Alors crier qu’il n’y a que des Africains à la Cour pénale internationale est proche de la vérité, mais passe sous silence le penchant des dirigeants africains pour l’impunité collective.
Mais faut-il rire ou pleurer quand chacun a pu entendre sur une radio francophone mondiale en octobre Guillaume Soro, le premier ministre de la Côte d’ivoire déclarer qu’ «Il ne faut pas laisser survivre l’impunité» ? S’agit-il là comme Jacques Chirac d’une perte de mémoire par intermittence ou simplement d’oublis sélectifs, donc partiaux ? Les violences post-électorales commises depuis le 28 novembre 2010 mais aussi tous les crimes commis entre 2002 et 2010 en Côte d’Ivoire ne sont tout de même pas que de la faute de Laurent Gbagbo ?
Quand même !
Guillaume Soro a donc raison quand il annonce que « le peuple de Côte d’Ivoire a besoin de savoir la vérité ». Le seul problème est que le Peuple ivoirien veut la vérité des urnes, toute la vérité, et certainement pas la vérité de Soro. Alors, la séparation des pouvoirs n’existe pas en Côte d’Ivoire ? YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.