Questions sur l’actualité du 20 décembre 2011
Qui est cet écrivain qui affirme qu’il « n’est pas sur terre pour être d’une race ou d’une couleur de peau » ? Qui a en fait influencé Aimé Césaire ? Né en 1925 et mort à 36 ans le 6 décembre 1951, cet homme d’origine antillaise, psychiatre de formation, a psychanalysé une société qui parle de liberté et la refuse à une partie de la société pour des raisons aussi diverses que leur différence et leur non alignement sur les positions des dominants.
Alors le courage a pris le dessus sur le statu quo de l’injustice, du racisme, du fatalisme, de l’abdication… alors, ce sont des successions de lutte, tout à son honneur.
La France d’ abord ! Faire dissidence aux ordres du Maréchal Pétain pour participer à la libération de la France à l’âge de 17 ans dans les années 1940 à l’appel du Général Charles De Gaulle. Trop de Français épris de Jeanne d’ Arc oublient que l’appel pour libérer la France a été entendu par des Africains des Antilles comme par des Africains d’Afrique.
Médecin psychiatre en Algérie en 1952 et luttant pour l’indépendance de ce pays, il y découvre et analyse le complexe de supériorité des Blancs pétris dans un colonialisme sanglant. Mais il y découvre aussi le complexe d’infériorité des Noirs, des Arabes et de tous les peuples non-Blancs savamment structuré autour d’un système d’humiliation, de larbinisme, de négation de soi, de haine de soi, de désespoir, de fatalisme, le tout inscrit dans une peur instrumentalisée, non sans l’appui de certains Africains ou Arabes épousant la cause du maitre blanc de l’époque. La conclusion est sans appel. Il faut démasquer les traitres à la cause panafricaniste. Ce visionnaire hors pair accouche du livre fondateur de la renaissance panafricaine sous l’angle psychologique : « Peau noire, masques blancs ». Anticolonialiste convaincu, sa vie se résume à rapprocher les humains au-delà de toutes leurs différences.
La couleur noir, un détail ? Il fallait se sacrifier pour la liberté des peuples sans voix et opprimés. Toute prise de conscience suppose une désaliénation salutaire.
Dans un contexte de luttes idéologiques entre capitalisme et socialisme et une guerre froide dans les années 1960, ce grand Monsieur a été parmi les premiers à lancer le cri de l’indignation et de la rébellion face à un système occidental fondé sur le désordre chez les autres dès lors que les autres ne se plient pas à la volonté occidentale. La postcolonie fait suite aux indépendances des années 1960. Pourtant en 1955, les pays opprimés par l’Occident, le fameux tiers-monde, deviennent une réalité politique en 1955 à la Conférence de Bandung, avec refus de la bipolarisation du monde et l’option du non-alignement. Que d’assassinats et de répression des leaders de la liberté des peuples opprimés. Sylvanus Olympio au Togo, Patrice Lumumba au Congo, Che Guevara en Bolivie, Malcom X et Martin Luther King aux Etats-Unis, Mehdi Ben Barka au Maroc. Combien de condamnés à la prison à vie comme Nelson Mandela et ses compagnons en Afrique du sud, etc.
Il y a une urgente nécessité de refuser le fatalisme et d’opter pour la libération et le refus de se soumettre aux lois iniques du marché des dominants minoritaires. Une autre voie. Une alternative de la solidarité, de la coopération et l’amitié entre les peuples. C’est en cela que Frantz Fanon est devenu l’un des plus grands humains, témoin visionnaire d’une actualité témoignant de la violence du désordre. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.
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