Questions sur l’actualité du 3 novembre 2011
Personne ne pourrait croire qu’en Afrique, la technologie et les télécommunications pourraient servir à retarder la démocratie et gêner le travail des journalistes indépendants. C’est vrai que les réseaux sociaux ont contribué énormément à court-circuiter les traditionnels blocages des polices politiques lors du printemps arabe. C’est oublier que ce sont les Etats qui offrent les licences avec souvent des conditionnalités non divulguées.
A partir de 2016, le renouvellement de plusieurs licences de la téléphonie (2G, 3G, LTE, etc.) va donner l’occasion aux gouvernements africains d’améliorer le service en exigeant un service universel. Si cette avancée technologique est à louer, cela devrait aussi conduire à revoir les règles du marché et peut-être faire perdre des recettes à un Etat très interventionniste. Il y a là des opportunités de croissance que les opérateurs privés ne manqueront pas de saisir. Certains resteront sur le carreau s’ils ne s’adaptent pas.
En France, des agents coupables d’écoutes téléphoniques ne sont pour la plupart jamais inquiétés, puisqu’ils sont en mission « télécommandée ». Relevant souvent de l’Etat, les écoutes téléphoniques devraient surtout servir à garantir la sécurité d’un territoire. Mais l’Etat ne se gêne plus pour s’en servir pour limiter la liberté des journalistes et éventuellement des adversaires politiques. Un abus, un viol des libertés individuelles et collectives. En Afrique, il n’y a pas d’affaire Watergate américaine ou Squarcini française. Les services de renseignement sont toujours en première ligne.
Avec les Télécom (Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)) en Afrique aux mains de l’Etat, il est de plus en plus difficile de savoir même ce que fait l’Etat. Avec les privatisations octroyées dans des conditions douteuses et souvent de gré à gré, l’Etat africain finit par se mettre le secteur privé de son côté. Les complicités pour défendre des intérêts bien compris sont légions. Qui peut réguler tout ceci ?
Certainement pas un Etat qui utilise cet espionnage moderne pour bloquer toute alternance politique. Certainement pas une entité privée, parfois l’antenne d’une multinationale de la téléphonie, qui n’a aucune raison de se mettre à dos un Etat. De plus, tout est caché sous le sceau de « dossier sensible », « secret défense » ou encore « secret d’Etat ». La téléphonie en Afrique, francophone en particulier, ne fait que renforcer les abus et la non-transparence.
Les inversions et falsifications de résultats électoraux trouvent souvent leur fondement dans un blocage des communications. Il est souvent impossible de communiquer avec un pays en cours de dépouillement électoral. Les écoutes téléphoniques sont une atteinte aux droits humains et aux libertés fondamentales. YEA.
Ecouter la “Question sur l’actualité du Jour” sur Africa N°1 dans l’émission “La Grande Matinale” d’Eugénie DIECKY du lundi au vendredi à 6h33, 7h33 et 8h33.