Le 12e sommet de l’Union africaine s’est achevé le 4 février 2009 avec une journée de travail supplémentaire. Mais le sentiment général reste celui d’un malaise profond, une confusion sur les modalités d’aller vers l’Union des Africains et l’incapacité des dirigeants africains à trouver des consensus au-delà des principes affichés et une nouvelle stratégie semi-collective de la chaise vide. Alors l’Afrique est-elle incapable de s’unir [1]?
1. Transition et avancées minimalistes de l’UA : de la Commission à l’Autorité
On ne sait pas si certains Chefs d’État absents, parmi les 22 Présidents sur 53 qui ne sont pas venus, n’ont pas pratiqué la politique de la chaise vide par télécommande pour :
- refuser de transférer une quelconque parcelle de leur souveraineté à une autorité supranationale africaine et donc indirectement à l’un de leur pairs,
- marquer leur opposition à une marche accélérée de l’Afrique vers un gouvernement politique,
- ne pas affronter frontalement l’activisme outrancier du numéro un libyen,
- s’aligner sur certains de leurs parrains étrangers qui les tiennent souvent par le financement de leur budget et leur maintien au pouvoir, ou simplement
- tout ceci à la fois.
L’Afrique des Chefs d’État, à la sortie de ce sommet, est encore plus divisée qu’avant. En fait, l’activisme de la Libye, ne reposant pas sur des consensus préparés par des experts y compris ceux de la Diaspora, contribue plus à faire apparaître les dissensions internes des Chefs d’État. Cette approche a finalement contribué à faire adopter des approches minimalistes sans pour autant avoir évité la mise sur la place publique des guerres intestines de “faux” leadership entre dirigeants africains. Pourtant, il existe une feuille de route et un plan stratégique 2009-2012 sans compter les avis et recommandations des experts sur la nécessité d’adopter un “Pacte africain de soutien au pouvoir d’achat et d’une relance de la création de richesse” pour faire face aux conséquences négatives de la crise financière occidentale sur l’Afrique en 2009 et 2010.
Les discussions se sont focalisées sur l’avenir institutionnel de l’Union africaine donnant l’impression que la mise en œuvre et le financement des projets concrets qui intéressent les populations africaines, sont considérés comme des priorités secondes. La transformation de la Commission de l’UA en Autorité de l’Union africaine est un résultat minimaliste, fondé plutôt sur l’aspect formel. En attendant de réellement décider du sort d’un futur et éventuel Gouvernement des États-unis d’Afrique qui reste le défi principal, il faudra faire avec le Guide libyen et son caractère, sa mégalomanie, mais aussi sa volonté d’unité africaine qu’il souhaite faire adopter sans passer par un référendum de validation par les citoyens africains, ni par une adoption par le parlement continental, véritable chambre d’enregistrement non démocratique puisque le choix des parlements continentaux n’est pas régi par des élections mais par des désignations, souvent par l’exécutif d’États prenant des libertés par rapport à la vérité des urnes. Il n’est pas question non plus que ce soit les parlements sous-régionaux ou nationaux qui avalisent le projet des États-unis d’Afrique. Il y a là fondamentalement une approche anti-démocratique. Pourtant ce point ne semble pas déranger outre mesure la plupart des dirigeants. C’est plutôt le non-contrôle du nouveau président en exercice et sa capacité à ne pas refléter la position officielle commune des chefs d’État qui, en fait, font problème…
Le débat sur le Gouvernement de l’Union ou la création adoptée à l’unanimité des dirigeants présents d’une Autorité de l’Union comme forme transitoire pose au fond la question de la transformation ou la mutation de l’actuelle Commission de l’Union africaine. S’il est question d’amender les Actes constitutifs de l’Union africaine et les faire adopter dès juillet 2009 à Madagascar par une plus grande majorité des Chefs d’État, il faudra rester très vigilant sur la notion de représentativité des peuples africains. Les citoyens et contribuables africains ne peuvent pas éternellement être simplement mis de côté. Il s’agira alors des États-unis d’Afrique sans les peuples africains, ou plutôt avec des peuples “dociles”, “docilisés” dira-t-on du côté de Treichville en Côte d’Ivoire.
2. La démocratie des partis-tribus
Le Guide de la Révolution libyenne a une conception personnelle de la démocratie et du multipartisme qu’il considère comme “un système importé”. Mais sur ce plan, il suffit de retourner dans l’histoire africaine avant l’arrivée des colonisateurs et des usurpateurs des richesses africaines et l’exploitation du capital humain africain pour comprendre que la mission colonisatrice a principalement reposé sur la destruction de la culture et des pratiques institutionnelles africaines. Selon les lieux, des formes adaptées de représentation politiques des citoyens africains existaient et fonctionnaient avec des règles internes adaptées aux réalités africaines [2]. Affirmer comme le dirigeant libyen que “le multipartisme n’est pas adapté aux réalités africaines”, c’est faire la part belle à tous ceux qui ont tordu le coup à la Constitution en Afrique pour s’éterniser au pouvoir ou placer leur progéniture, avec souvent la complicité active des corps constitués, notamment l’armée. C’est aussi mépriser profondément la volonté du peuple ! En effet, lorsque la liberté leur est offerte et que les élections sont transparentes, les citoyens africains n’ont aucune difficulté à accomplir sereinement leur devoir civique comme vient de le démontrer le Ghana, malgré quelques cafouillages électoraux mineurs vite maîtrisés du fait d’interventions externes au pays.
Il y a donc urgence à corriger cette conception erronée du Guide libyen qui a affirmé qu’ “en Afrique, chaque parti est une tribu”. Cela relève d’une méconnaissance grave sur la diversité des formes de gouvernance en Afrique tant dans l’histoire africaine que dans la pratique de la gouvernance politique actuelle. Les pratiques de la démocratie dite “directe” dans certaines régions de Libye ne peuvent être généralisées à l’ensemble du continent. Ce serait simplement une méprise sur l’histoire politique des Africains et la palabre productive africaine. Par ailleurs, de telles affirmations permettent de justifier non seulement la longévité au pouvoir de certains dirigeants africains tout en promouvant indirectement la Royauté au détriment de la République. De telles approches favorisent les constitutions africaines où un dirigeant peut bon an, mal an demeurer “légalement” au moins 20 ans au pouvoir quant ce n’est pas à vie… Cette pratique se retrouve dans le conseil d’administration de nombreuses sociétés publiques en Afrique. Il faut donc bien se garder de considérer ces propos comme neutres. Cela peut, à certains égards, devenir dangereux car cela signifierait que la démocratie représentative est devenue une forme de clanisme, l’alignement sur le chef du clan ou de la tribu… En bon français, il s’agit purement et simplement d’une forme subtile de l’autocratie. Paradoxalement, ce point n’a d’ailleurs pas été remis en cause par ceux qui critiquent ouvertement l’action du dirigeant libyen.
Il faudra alors plus parler de régression que de progrès si l’Afrique devait dorénavant accepter collectivement cette approche de la représentativité clanique basée sur une tribu devenant un parti. Vu le nombre de tribus en Afrique, cela donnerait naissance à un nombre incalculable de partis politiques dont la gestion pourrait poser un sérieux problème sans compter la langue commune qui servira de véhicule commun. Aussi, certaines affirmations péremptoires souffrent d’analyses approfondies et le zèle de certains pour une unité africaine au forceps ne devrait pas les aveugler au point d’oublier de mettre en place des conseils et des contre-pouvoirs indépendants et transparents pour guider le “Guide”. Il est vrai que le rêve peut s’apparenter à une vision… mais en l’espèce, le rêve peut devenir une forme avancée de l’illusion et de la fuite en avant que les gradualistes tentent, en jouant aux abonnés absents, de terminer. Il est suggéré d’amener les spécialistes du sujet à donner leur opinion sur les conséquences de la mise en place d’un système basé sur un parti-une tribu en Afrique et la présenter au nouveau Président en exercice de l’Union africaine pour l’aider à faire évoluer cette position qui ne peut faire l’affaire ni des progressistes, ni des fédéralistes convaincus [3]. Oui, car il y a des fédéralistes non convaincus qui préfèrent “jouer le jeu” en se disant que d’ici un an, rien n’aura véritablement avancé et ils ne risquent pas de passer à côté d’une éventuelle distribution du Guide libyen pour manque de soutien.
L’approche de la représentativité basée sur “un parti-une tribu”, telle que la préconise le dirigeant libyen, a manifestement quelques limites. Il faudra donc s’assurer que cette approche ne vienne pas servir de fondement à un nouveau consensus obtenu auprès d’une minorité de Chefs d’État de l’Union africaine d’ici juillet 2009 pour amender l’Acte constitutif de l’Union africaine.
3. Malaise : confusion entre interdépendance et inter-indépendance
“Nous consacrons beaucoup trop de temps à régler les conflits ou les partages de pouvoir entre nos politiciens. Il faut que nous redéfinissions nos priorités pour nous consacrer au développement de nos économies (…) pour nous libérer de la honte qui est la nôtre d’être le continent le plus pauvre du monde”… Ces quelques extraits du discours du Président sortant, le Tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete [4], témoignent des complexes enfouis et des objectifs généraux qu’il faudrait peut-être réviser.
Faut-il avoir honte d’être pauvre surtout quand cette pauvreté est instrumentalisée, organisée et banalisée ? Drôle de conception !… Sous d’autres cieux. Au “paradis” notamment, c’est presque la condition sine qua non pour y être admis… Tout est alors une question de compréhension du problème. Lorsque le Président sortant de l’UA prononce son dernier discours avec un bilan bien mitigé sans citer une seule fois le nom de son successeur, le “Guide” libyen Mouammar Kadhafi, sans véritablement lui souhaiter bonne chance, il y a manifestement un malaise. Récemment, le Bureau international du travail a annoncé que la crise actuelle va faire augmenter le chômage en Afrique avec une part prépondérante pour les travailleurs en situation d’emploi vulnérable souvent sans couverture sociale. Les luttes intestines sur un Gouvernement de l’Union africaine ou pas apparaissent alors comme dérisoires. Non pas que l’Afrique n’ait pas besoin d’un Gouvernement continental, mais parce que ce Gouvernement risque, dans l’état actuel des dissensions, quasi-personnelles et par télécommande de quelques responsables occidentaux, de souffrir d’une forme d’agoraphobie et de ne jamais discuter des moyens concrets pour atteindre les objectifs.
L’Union africaine s’est tenue avec seulement une vingtaine Chefs d’État présents sur 43. Au lieu de s’occuper concrètement de création de richesses et de développement durable en favorisant les infrastructures (thème du sommet), pour servir le développement des capacités productives, sources de création de valeur ajoutée endogène, la politique l’a emporté. L’actualité de la crise à Madagascar avec la contestation du Président malgache par la rue relayée par le jeune maire (ex-maire puisqu’il a été destitué) et la mise en cause des promesses électorales non tenues ont occupé les débats. Bref, on ne vient pas à l’Union Africaine pour véritablement prendre des décisions dont les financements ont été identifiés auparavant, mais on y vient pour mieux témoigner de son égo et de son rayonnement lié à “l’autoritarisme national”. Paradoxalement, ils sont bien peu nombreux à vouloir rechercher un leadership continental basé sur la représentation des populations, d’où le malaise permanent. L’interdépendance n’existe donc pas pour les Chefs d’État. C’est de l’inter-indépendance dont il s’agit et la nuance est très importante pour comprendre les comportements et les réticences. Le Président tanzanien n’a pas manqué d’y faire allusion en rappelant que les objectifs de développement demeurent une priorité bien supérieure aux différents entre Chefs d’État africains.
Au-delà des critiques des dirigeants africains pour leur autocratie ou/et de leur non-respect des droits humains, beaucoup de dirigeants africains non-démocrates sont mal placés pour faire la leçon au Colonel Kadhafi qui n’a pas la mémoire courte sur ces sujets. Pourtant, certains pays africains peuvent se targuer d’être des démocraties exemplaires dans le contexte africain : le Ghana, le Cap-Vert, le Botswana, l’Afrique du sud et le Bénin quoique les choses s’y dégradent. En Libye, il existe un mode de prise de décision collective du peuple au niveau délocalisé qui repose sur une certaine vision de la démocratie directe sauf que cette approche ne fonctionne pas au sommet du système libyen. Sur la liberté de la presse et la distribution équitable des richesses en Libye, il y aura matière à écrire. Mais les autres pays africains, sont-ils vraiment exemplaires dans ces deux domaines ? Faut-il rappeler les assassinats restés impunis de quelques (liste non exhaustive) martyrs africains de la liberté de la presse, du respect des droits humains et de lutte contre l’impunité institutionnelle : le Centrafricain Maître Nganatoua Wanfio Goungaye, Président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme (LCDH), le Togolais Atsutsé Agbobli, Directeur d’Afric’ hebdo, le Congolais Didace Namujimbo, journaliste de radio Okapi, lequel luttait contre les violences et l’arbitraire dans l’Est de la République démocratique du Congo, les journalistes de radio Abshir Ali Gabre et Ahmed Hassan Mahad tués dans la province du Shabeellaha Dhexe en Somalie pour avoir exercé leur métier de journaliste et de promotion de la liberté d’expression, la démocratie et la paix. Le roi des rois africains pourra-t-il prendre conscience que la liberté d’expression est le bras armé de l’indépendance de l’Afrique et sert de fondement à une démocratie non bridée des peuples africains ? Il faut espérer que des décisions courageuses allant dans le sens de la fin de l’impunité sous son règne seront prises par le Guide libyen, ceci sur tout le territoire africain y compris en Libye.
Au demeurant, le 12e sommet de l’UA était-il consacré à dénoncer les travers de la gouvernance en Libye ou à trouver les voies et moyens pour améliorer justement cette gouvernance et la liberté d’expression sur le continent africain ? Certains Chefs d’État ont simplement confondus ce point en transformant le choix du “Guide” libyen en rancœurs personnelles, retardant d’ailleurs, par la même occasion, l’avènement d’un Gouvernement continental. Mais que de nombreux Chefs d’État relayent les critiques des organisations non gouvernementales (ONG) spécialisées sur les questions des droits de l’homme semble indécent lorsqu’on analyse le sort réservé à ces mêmes ONG dans certains pays africains. Il aurait été plus judicieux de démontrer la réalité des améliorations du respect des droits humains, du respect de l’indépendance de la justice, de la volonté de mettre fin à l’impunité et de respecter les résultats des élections ou encore de respecter le contenu des constitutions librement acceptées par les populations et non celles modifiées en catimini par des opérations de passe-passe. Non, ces points demeurent tabou… Il est donc clair que l’avenir de l’Autorité de l’Union africaine, appellation de l’ex-Commission de l’Union africaine, n’intègre pas encore la notion d’interdépendance africaine [5], transition vers les États-Unis d’Afrique. Les Chefs d’État, jaloux de leur souveraineté, en sont arrivés à préférer l’inter-indépendance qui est le contraire de la voie menant vers l’unité des Africains [6].
4. Quorum, tabou et démocratie à géométrie variable
Quel est le nombre magique de Chefs d’État devant participer au sommet de l’Autorité de l’UA pour qu’une décision prise, à huis clos ou par acclamation, permette de faire émerger un nouveau Président en exercice pour un an ou pour adopter l’Acte constitutif ou le Gouvernement de l’Union ? Apparemment, rien n’est vraiment clair… Donc même avec trois Chefs d’État présents et plus de 50 absents, une décision pourrait théoriquement être prise à l’Union africaine puisqu’il s’agit de décider sur la base du consensus à huis clos… En effet, il n’y a que très peu de transparence car certains Présidents ne souhaitent pas afficher officiellement leur position envers leurs populations, envers la communauté internationale et surtout envers certains bailleurs de fonds qui pourraient se venger sous la forme de rupture du soutien budgétaire à l’État. Certains dirigeants sont donc obligés de faire une nouvelle gymnastique qui consiste à ne soutenir que les positions au sein de l’UA mais qui ne gênent pas les intérêts des pays bailleurs de fonds traditionnels… C’est pourtant cela la réalité des rapports de force politiques. Et face à cela, c’est bien un Gouvernement africain uni qui peut permettre de résister et de modifier la donne. Donc, personne ne met en cause le principe du gouvernement unitaire. Ce sont donc bien les modalités, le rythme, la nécessaire transition et les parallélismes de forme avec les institutions sous-régionales et la focalisation sur des secteurs économiques concrets et profitant à la population qui doivent être déterminés. A ce propos, on peut citer l’exemple de la communauté économique d’Afrique de l’Est qui est en mouvement et se contente de faire ce qu’elle peut et de réussir avec les moyens à sa disposition. Et cela marche. On peut avec une même “puce” téléphonique communiquer dans cette zone. Bientôt, l’intégration des assurances maladies feront qu’un malade d’un des pays peut se faire soigner dans un autre pays car l’harmonisation du système d’assurance maladie sera opérationnelle… N’est-ce pas ce que demande le peuple ?
Le système d’élection africain basé sur les conciliabules n’est pas très efficace, d’autant plus que les conciliations se font très lentement et que les problèmes et les défis de l’environnement économique et politique sont nombreux et s’abattent sur le continent à la vitesse grand V. Mais l’absence de discipline que l’on retrouve dans les changements intempestifs de positions à 180 degrés de certains pays s’explique parfois par les pressions internationales, des transferts d’argent d’où le refus de transfert de souveraineté. Ainsi, le manque de transparence ne fait qu’augmenter le sentiment de mal-élu au niveau national et le manque de démocratie directe aux niveaux sous-régional et continental. Mais où sont donc les populations africaines dans cette architecture de la gouvernance politique de l’Afrique qui se construit sans eux ? Quand est-ce qu’elles auront droit au chapitre ? Après tout, ce Gouvernement de l’Union africaine aurait pu reposer sur un principe d’un référendum populaire (au moins un par sous-région), une sorte de démocratie directe. Celui-ci pourrait être indirect si les décisions pouvaient s’opérer par les parlements africains. Le parlement continental doit se déclarer incompétent car les membres ne sont pas élus mais désignés. Paradoxalement pour les dirigeants africains, laisser le peuple ou ses représentants décider sur ces dossiers constitue encore un véritable tabou, ce qui par définition n’est ni une preuve de transparence, ni un début de preuve d’une volonté d’évoluer vers la démocratie au plan continental… Il existe donc une démocratie à l’Africaine dont les contours à géométrie variable ne sont compréhensibles que par quelques Chefs d’État et des initiés de l’Union africaine… Mais l’intrusion du Guide Libyen dans ce système où l’on se comprend et défend les intérêts bien compris, pourrait remettre en cause certaines pratiques éloignées de l’éthique, voire les révéler au grand jour.
Mais que dire de la position de l’Union africaine lorsqu’elle accepte le Président autoproclamé Robert Mugabe à la sortie d’élections usurpées et considérées comme légitimes uniquement parce que l’assemblée des Chefs d’États n’avaient pas trop de dissidence en son sein sur ce sujet. On ne sait jamais… ce qui arrive au Zimbabwe pourrait peut-être leur arriver demain et ils auront besoin du soutien-réflexe de leurs pairs. Il est vrai que “Bob”, surnom de Robert Mugabe, a finalement accepté, sous la pression de la nouvelle administration américaine et face à la progression du choléra, de l’inflation et de l’insécurité dans le pays, de laisser son challenger Morgan Tsangarai devenir Premier ministre du pays, non sans verrouiller ce qui peut l’être.
Il est donc plus question de “plaire” au sein de ce qu’il convient bien d’appeler le “syndicat des Chefs d’État” africains” que de traiter à bras le corps les problèmes des populations. Sur le plan de la commission en charge de la sécurité et de la paix et avec les moyens du bord, il faut reconnaître que l’Union africaine sort son épingle du jeu, surtout lorsque les chefs d’État reviennent à la raison, comme l’arrestation par le Rwanda du “Général” Nkunda dont les affinités rwandaises sont de notoriété publique. Mais avec l’imprévisible Guide Libyen et ses affinités avec les groupes dits “rebelles” ici et là en Afrique (Mali, Niger, Soudan, et peut-être Ouganda, etc.), les Chefs d’État se divisent, prennent peur pour certains. La déstabilisation est possible même si le Guide Libyen semble être à l’origine de nombreuses pacifications en Afrique comme la proposition de séjourner à ses frais en Libye à certains dissidents rebelles Touaregs et autres.
5. Le Guide libyen, un investisseur crédible pour les Occidentaux ?
Alors quel est le problème ?
Le vrai, c’est que le “Guide” libyen a beaucoup d’argent et est indépendant. Il est aussi peu respectueux des ” salamalec de politesses africaines” entre Chefs d’État. Mais il peut surtout acheter tout, les Occidentaux comme les groupes dissidents dans les pays africains ou ailleurs, ou même mettre à sa solde des groupes entiers de la Diaspora à laquelle l’Occident refuse l’intégration et des emplois quand cela ne se fait pas de manière asymétrique. Cela fait de lui l’homme de l’influence par excellence qui ne se prive pas de poser ses conditionnalités, à l’instar de ce que font les institutions de Bretton Woods dans d’autres contextes. Cette position lui permet d’avoir une grande influence sur des groupes rebelles avec comme conséquence les possibilités de déstabilisation ou de pacification dans certains pays africains. Ceci est très perceptible dans les pays sahéliens, tous membres de la fameuse CEN-SAD, la communauté des États Sahélo-Sahariens, un groupe d’États créé et financé par le dirigeant libyen. Mais la présence de la Libye dans l’investissement dans l’hôtellerie en Afrique ne passe pas inaperçue et correspond à la volonté d’offrir des résultats-vitrines pour les catégories les plus aisées en Afrique. Il faut espérer que le Guide va identifier une autre catégorie de populations, les “en-bas d’en bas” en leur offrant un ou plusieurs hôpitaux d’excellence et de diagnostic.
Le second problème tient dans le non-dit avec ce qui est perçu comme de l’arrogance, du non-respect dans la façon de s’adresser “sans déférence” à des Chefs d’État, dont beaucoup croient qu’après Dieu, ils incarnent le pouvoir et sont, avec leur famille et réseaux, au-dessus des lois ! Cette hypocrisie de forme se retrouve dans le goût pour le huis clos, la non-transparence dans les décisions. Ceci arrange plusieurs dirigeants de petits pays qui font croire à leur population que la décision a été “imposée” par un consensus mou. Cette situation risque de ne pas pouvoir perdurer sous la présidence libyenne qui ne va pas se gêner pour révéler ceux qui s’opposent à ses desseins pour l’Afrique tout en révélant la gestion par télécommande de certains avec les pays finançant les budgets déficitaires en Afrique. Cette dépendance discrète s’est graduellement instaurée à l’Union africaine car les contributions volontaires ont aussi leur pesant de conditionnalité.
Le Président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni ne s’y est pas trompé lorsqu’il déplace l’essentiel du dossier des États-unis d’Afrique sur le terrain du manque de respect et la manière personnelle du “Guide” libyen de vouloir imposer au forceps le dossier du transfert de souveraineté dont il ne veut pas. Cette arrogance, diront certains, ne peut que gêner les Chefs d’État africains dans leur relation spéciale avec les pays du Nord. Oui, beaucoup de Chefs d’État sont obligés de marcher sur des œufs avec les dirigeants occidentaux, surtout lorsque leur légitimité dépend entièrement de ces donateurs qui ont pris en otages les budgets déficitaires des pays pauvres.
Pourtant ces derniers mois, la plupart de ces dirigeants occidentaux ont défilé à Tripoli pour adouber le dirigeant libyen non sans arrière-pensées sur l’accès aux richesses hydrocarbures de la Libye. Alors, au fond, le dirigeant libyen ne serait-il pas plus crédible pour les pays occidentaux ? Car il peut s’engager sur une décision et la financer instantanément alors que pour ses homologues africains, la mise en œuvre des décisions de l’Union africaine comme les engagements pris avec la communauté internationale se perdent dans des conjectures dignes des palabres sous le baobab, simplement parce que le budget manque. Alors, le Guide libyen, est-il de fait un potentiel investisseur et partenaire pour les véritables investisseurs étrangers occidentaux en Afrique qui ne se soucient nullement de la réalité de la démocratie mais plutôt de la capacité d’un gouvernement africain à respecter sa signature lors des grands contrats d’infrastructures ? Certainement ! Le dirigeant libyen est donc crédible au plan financier, donc solvable. Il peut donc se rendre à la réunion du 2 avril 2009 du G20 portant sur les suites à donner à la crise financière et accessoirement la refonte du système financier mondial, sans aller quémander. Donc pour être clair, le dirigeant libyen ne doit pas gêner outre mesure les dirigeants occidentaux… Quelques écarts de langage bien médiatisés ne vont pas finalement changer les engagements sur le fond. Cela n’empêche que les Chefs d’État ont préféré être prudents en s’assurant que le Guide libyen soit accompagné par deux autres Chefs d’État ainsi que peut-être le Président de l’Autorité de l’Union africaine, Jean Ping et le Président de la Banque africaine de Développement, Donald Kaberuka. Donc, la confiance “règne”… mais mieux vaut en contrôler les contours…
6. Rupture dans les pratiques de l’Union africaine : des secrétaires, des rois, et après ?
Au demeurant, il est déjà question que l’Autorité africaine soit composée à terme de 14 secrétaires. La comparaison a été faite avec les Secrétaires d’État aux États-Unis, mais avec le manque de moyens chronique et alors que le bouclage financier du Plan stratégique de l’Union africaine 2009-2012 n’est pas encore trouvé, il faut se rendre à l’évidence que les Secrétaires de l’Autorité Africaine risquent d’avoir une autorité très limitée et une marge de manœuvre encore plus limitée. Il n’est pas précisé s’ils ou elles seront élus, nommés par leur gouvernement respectif directement avec approbation par les Chefs d’État africains ou si ce sera le chef de l’Autorité de l’Union africaine qui pourra composer son “Gouvernement” comme l’avait proposé, en son temps, le précédent Président de la Commission de l’Union africaine, le malien Alpha Omar Konaré. Il faut espérer que ce soit la deuxième option qui prévale et que les postes soient ouverts à la concurrence y compris à la Diaspora, théoriquement 6e région d’Afrique. Par ailleurs, le fait d’avoir été ministre ne doit plus considéré comme le seul critère d’entrée et de sélection car les résultats ne sont pas probants.
Pour bien faire, les futurs secrétaires d’un futur gouvernement continental devront avoir des contrats de mission avec des budgets adéquats, sinon il n’y aura pas de rupture avec les pesanteurs actuelles et la trop grande politisation de la Commission de l’Union africaine n’arrivera pas à disparaître. Le système des comités des représentants permanents (COREP ) qui font la part belle aux ministres des affaires étrangères et aux ambassadeurs pour prendre des décisions pratiquement dans tous les secteurs doit être revu. Le principe de la subsidiarité doit jouer en faveur des ensembles régionaux qu’il n’est pas question de voir comme une opposition au principe du gouvernement continental. En fait, ce gouvernement unifié doit aussi exister au niveau sous-régional et fonctionner en parallèle. Cela suppose de la subsidiarité, de la discipline et des transferts de souveraineté et de la fiscalité… Que de sujets tabous ! Avec l’informatisation et la vidéo conférence, il doit pouvoir être possible que les décisions techniques se prennent avec la contrepartie technique des pays et des institutions sous-régionales sans que cela ne contribue à grever les budgets des uns et des autres si les investissements dans le réseautage de l’Union africaine et les institutions sous-régionales et les États sont réalisés dans le cadre des grands travaux d’infrastructure. Voici un chantier où la Diaspora excelle et que le Guide libyen pourrait réellement prendre à bras le corps car en 12 mois, la Diaspora pourra interconnecter toutes les structures décisionnelles africaines et permettre, alors, des décisions en temps réel sans compter les épargnes et les conséquences bénéfiques sur les économies exsangues.
La question qui brûle les lèvres doit finalement être posée : avec le changement en perspective et la fin de la Commission de l’UA et des commissaires, est-ce que les mêmes personnes occuperont les nouveaux postes ? Rien n’a filtré là-dessus… sauf qu’en coulisses, certains pays ont préféré rejoindre le camp des souverainistes et des fédéralistes, le camp du Guide libyen contre des promesses de postes… Paradoxalement, l’approche sous-régionale que la région d’Afrique australe et celle d’Afrique de l’Est voulait adopter ne semble pas avoir été retenue… Il y a là encore un vrai problème de concept car il faut un gouvernement continental et un gouvernement sous-régional qui travailleront ensemble. C’est cela l’interdépendance africaine. En réalité, les égos personnels et le passage en force du Guide libyen semblent avoir empêché un travail de fond de s’opérer.
Avec les amendements à apporter à l’Acte constitutif de l’Union africaine et la rupture profonde avec le passé qui est en train d’émerger, la solution dans l’immédiat et au cours d’une période de transition, courte si possible, repose sur l’adoption d’un nouveau concept unificateur. Il s’agit du concept de l’interdépendance africaine qui pourrait réconcilier durablement les “gradualistes” avec les “fédéralistes”. Ce sont des équipes d’experts indépendants qui peuvent poser les bases d’un tel principe. Cela mettra fin aux conflits bilatéraux de leadership qui ne font pas avancer l’unité des Africains. Mais les chefs d’État souffrent d’une grave maladie. Ils n’écoutent pas les conseils indépendants.
Faut-il préciser d’ailleurs que lorsque l’on parle de secrétaires en référence aux secrétaires d’État du gouvernement des États Unis, il convient de le faire précéder d’une enveloppe budgétaire pour garantir l’efficacité. Si alors l’Union africaine devient une autorité continentale uniquement avec des secrétaires, alors le Président de la Commission risque-t-il de voir ses prérogatives modifiées en profondeur ? Les propositions de décisions portant sur la transformation de l’Autorité de l’Union africaine, les autorités sous-régionales en relation systémique avec les autorités nationales ainsi que la nouvelle Charte de l’Interdépendance qui est proposée ici, pourraient faire l’objet de quelques réunions extraordinaires en Libye ou ailleurs afin de faciliter les consensus lors de la 13e session de l’UA vraisemblablement à Madagascar en juillet 2009, si la crise institutionnelle se résout d’ici là.
Entre-temps il faut espérer que tous les chefs d’État accepteront le principe de validation d’une Charte de l’Interdépendance africaine, amendement en profondeur de l’Acte constitutif, par les populations africaines, sous une forme directe (référendum) ou indirecte par les représentants des peuples, notamment les parlements fonctionnels, lesquels ne seront pas que de simples chambres d’enregistrement. Le Guide libyen aura plus de chance d’entrer dans l’histoire par la Grande Porte en acceptant d’adopter le principe de la validation par une démocratie directe en demandant aux populations de valider ce que les dirigeants estiment “bon” pour eux sans les avoir consultées. C’est cela la vraie “rupture-révolution” en Afrique et la solution aux éternels problèmes de leadership entre dirigeants africains. Mais est-ce que le Guide libyen, cumulant son nouveau titre de “roi des rois traditionnels africains”, en a la volonté, le courage et les moyens ? Une telle rupture avec les pratiques traditionnelles de l’UA risque d’avoir des conséquences en Libye même où le processus de démocratisation et d’élections commence à se discuter ouvertement sans rencontrer de censure, pour le moment…
Après son “élection” à huis clos et lors de sa prise de parole, le dirigeant libyen a souhaité que l’Afrique le désigne dorénavant comme le “roi des rois traditionnels d’Afrique” sans préciser si cela doit être valable uniquement pendant son année à la tête de l’Union africaine. Car s’il s’agit d’être le roi traditionnel de l’Afrique pendant un an pour obtenir les faveurs des populations africaines, beaucoup pourraient jouer le jeu et cela risque de faire jurisprudence avec le prochain Président en exercice qui souhaiterait aussi être désigné comme roi d’Afrique… Mais, il faut espérer que tout ceci ne relève pas que du folklore sinon cela reviendrait à usurper la place qui revient à une personnalité africaine descendant d’une longue lignée de rois ou reines dans la tradition africaine. Le titre de roi des rois est en principe obtenu suite à des prières et des séances d’invocation du Créateur universel et des révélations faites par des “voyants-visionnaires” pour déterminer la personnalité à choisir avec souvent comme critères principaux l’éthique, la sincérité et l’engagement sans faille à aider à l’amélioration du bien-être des populations. Ceci ne peut se faire sur la base d’une quelconque forme de rémunérations. Espérons que tout ceci a bien été respecté sinon la pérennisation de ses actions ne sera pas au rendez-vous. Il faut espérer que le dirigeant libyen n’a pas déboursé beaucoup d’argent pour obtenir l’accord des chefs traditionnels et autres devins pour s’assurer de la “non-résistance” des Présidents africains pour l’appeler dorénavant le “roi des rois traditionnels d’Afrique”. Car, outre la jalousie, les critiques ont été malgré tout véhémentes sans être nécessairement toute justifiées. Toutefois, le vrai ennemi du “Grand frère” libyen Mouammar Kadhafi reste sa mégalomanie et sa propension à toujours vouloir faire passer des dossiers en force sans les avoir fait travailler au préalable par des experts indépendants, libres de lui dire toutes les vérités.
7. Opter pour un pacte de relance du pouvoir d’achat et de la création de richesses
Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a rappelé que la crise financière, “qui est devenue une crise économique, devient maintenant une crise de l’emploi et dans les mois à venir, elle deviendra, pour certains, une crise humaine”, touchera en profondeur l’Afrique, en proie à des conflits qui perdurent [8]. Il s’avère nécessaire que l’Autorité de l’UA puisse s’entourer d’équipes d’experts indépendants, payés, pour s’assurer d’avoir les conseils nécessaires pour s’afficher au plan international. Il faut donc s’assurer que l’objectif des Chefs d’État ne se focalise plus sur le “développement” mais la création de richesses en Afrique. On a trop parlé d’un développement sans jamais véritablement le réaliser. Cela a pour conséquence de passer sous silence les “comment” et les “moyens” pour atteindre les objectifs. Il faudra nécessairement ne plus discuter les dossiers au niveau continental si un comité d’experts ne s’est pas penché sur le mode de financement et ait proposé quelques options qui ne peuvent se résumer à aller quémander de l’argent auprès des donateurs. C’est ce changement fondamental qui permettra d’être plus concret et surtout d’avoir des réponses précises aux problèmes des Africains.
Mais voilà, sur le programme de développement des capacités productives que l’Union africaine a approuvé en 2004 mais qui n’a toujours pas mis en œuvre comme bien d’autres résolutions des Chefs d’État africains, il faut s’attendre à ce que le “Guide” libyen fasse “bouger les lignes”… C’est pourtant un tel projet approuvé par tous les Chefs d’État africains qui pourrait permettre de relancer, sur des bases acceptables pour l’Afrique et demain les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), le partenariat Afrique-Europe autour des Accords de Partenariat Economique en souffrance. Là encore, il s’agit de rupture en référence à l’approche du Président français Nicolas Sarkozy. Mais voilà, les Présidents africains sont majoritairement de vrais conservateurs, voire des traditionnalistes peu enclins au changement… On peut citer les pays qui semblent vouloir opter pour l’approche gradualiste : l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Soudan, les pays d’Afrique du Nord sauf la Libye… Mais les positions ne sont pas figées. Tout risque de passer par une transition crédible. Une Charte de l”interdépendance africaine portant tant sur l’approche continentale et fédéraliste que sur une double vitesse d’intégration incorporant les entités sous-régionales pourraient être la solution. La Diaspora est disposée à apporter son expertise. Le “Guide” Libyen, s’il veut devenir un “Guide respecté et crédible” pour les Africains, ne peut faire l’économie de retrouver une majorité plus large au-delà des États de la CEN-SAD sous ses fourches caudines financières. Il faut absolument aussi trouver des experts indépendants qui revoient l’approche et soient envoyés comme émissaires pour convaincre les dirigeants opposés non pas sur le fond, mais sur la forme afin de retrouver un consensus réunificateur, fondement de l’unité africaine et l’unité des Africains.
8. Renforcer la Diaspora, 6e région d’Afrique : soutenir l’Institut de la Diaspora et sa Fondation
Pour que tout le monde ne commence pas, peu à peu, à désespérer de l’Union africaine [9], le dirigeant libyen aura tout intérêt à créer la surprise en s’entourant, sans oublier de les écouter, d’experts indépendants y compris ceux de la Diaspora africaine pour l’aider dans ce défi d’un nouveau genre où il faut se battre contre ses “propres” frères africains pour faire avancer un dossier sur l’Unité africaine. Cette fois-ci, et paradoxalement, de nombreux Chefs d’État africains considèrent qu’il n’y a pas lieu d’écouter la Diaspora africaine, pourtant sixième région d’Afrique, sauf si ces derniers s’inscrivent dans une logique de soumission et de silence coupable [10]. A ce titre, la naissance prochaine d’un Institut de la Diaspora et d’une fondation de la Diaspora dont le quartier général sera basé en France pourra permettre à de nombreux capitaux africains, “exilés” dans les paradis fiscaux, de s’investir pour la bonne cause. En effet, entre la période 2002 et 2006, et selon l’institut Global Financial Integrity [11], près de 1000 milliards de dollars des États-unis ont quitté les pays en développement vers les paradis fiscaux, dont près de 3 % officiellement répertoriés comme provenant d’Afrique. Ce chiffre reste en progression constante évaluée à 18 % l’an au cours de la période indiquée. En intégrant la partie informelle qui échappe aux statistiques officielles, les flux financiers illicites pourraient représenter près de 36,8 % du produit intérieur brut de l’Afrique, plus d’un tiers des richesses produites [12].
Bref, paradoxalement, si le dirigeant libyen souhaite contourner les Chefs d’État africains, il lui suffit d’en appeler à la démocratie directe qu’il tente d’appliquer, sans trop de succès, dans son propre pays. Mais, au niveau continental, le nouveau président en exercice de l’Autorité africaine risque de grandir dans l’estime des populations si, dorénavant, il décide de leur accorder une vraie écoute et met en œuvre les propositions émanant des peuples. Il en est capable, il en a la volonté sauf que son pire ennemi reste sa mégalomanie et son ego. Mais beaucoup de Chefs d’État africains ne sont pas bien différents sauf qu’ils ont moins d’argent et brillent moins dans les médias.
9. Bonne chance au nouveau Président en exercice de l’Union africaine
En fait, le Colonel Kadhafi a un vrai projet en tête : faire avancer le projet des États-Unis d’Afrique en tentant d’arracher des concessions aux États-Nations jalouses de leur souveraineté pour les faire évoluer, par une approche du haut vers le bas, vers les États-Unis d’Afrique. Mais il faut donner du contenu à tout ceci pour que du passage en force, on passe graduellement à l’adhésion libre. En réalité, la capacité d’acceptation de la proposition du dirigeant libyen par une grande majorité des Chefs d’État africains est inversement proportionnelle à la capacité d’absorption de l’aide internationale par les États africains… Il faut communiquer, éduquer, comprendre, éloigner les appréhensions, faire adhérer et fédérer. Ce ne sont pas des étapes que l’on peut brûler allègrement. Transférer de la souveraineté pour presque tous les dirigeants qui ont souvent quelque chose à se reprocher sur le plan de la vérité des urnes, la transparence des scrutins, le trucage des élections ou le respect des constitutions africaines équivaut en fait à se faire “hara-kiri à l’Africaine”. Ce n’est pas dans les traditions africaines. L’ingéniosité africaine des Chefs d’État risque d’avoir raison à terme de la perspicacité et du dynamisme unilatéral du “Guide libyen”. Est-ce pour cela qu’il ne faut pas lui souhaiter bonne chance ? NON ! Alors bonne chance… Il faut éviter que ces défections ne se cristallisent en un sport favori des dirigeants africains, la “capacité d’auto-nuisance que les Africains déploient entre eux” [13].
En anticipant les positions des Chefs d’État qui ont appuyé sur les freins à main avec leurs deux pieds, il faut croire malgré tout que les arguments financiers et la gourmandise alimentaire de nombreux décideurs africains feront bon ménage avec la capacité du Guide libyen à assouvir les ambitions alimentaires pour faire éclore l’Autorité africaine à la date fatidique du 9 septembre 2009. La réunion ordinaire de juillet 2009 sera un moment de vérité et d’adhésion ou une rupture provisoire avec une partie des Chefs d’État africains. L’heure de vérité pour l’unité africaine via les chefs d’État est en train d’approcher rapidement. Ils ne pourront plus cacher leur manque de volonté et de dynamisme dans ce dossier.
En fait, c’est bien la première fois depuis 1963 que le groupe des “modérés” est en passe de ne plus avoir raison. Ils sont petit à petit devenus, dans le cadre des États-Unis d’Afrique, le groupe des “souverainistes” rebaptisés les “gradualistes”, ceux qui veulent avancer doucement, en passant par une union sous-régionale, avant d’avancer vers l’union continentale. Les “progressistes” devenus aujourd’hui les “fédéralistes” se subdivisent en pressés ou moins pressés. Il y a donc beaucoup de nuances dans les positions des Chefs d’État. Dans un tel environnement, le choc frontal devient inévitable. Le dirigeant libyen veut aller vite, à son rythme, sans trop se soucier des effets collatéraux, ni de la pérennité. La crédibilité d’un Gouvernement de l’Union africaine ne semble poser de problème pour lui, pourtant c’est sur ce point qu’il faut trouver le consensus. C’est aussi sur la crédibilité que les institutions financières telles que le Fonds monétaire africain, la Banque africaine d’investissement et la Banque centrale africaine pourront voir le jour avec beaucoup de chances de remplir leur fonction de souveraineté monétaire africaine avec succès. Les souverainistes et les fédéralistes sont pourtant d’accord sur la vision panafricaine. Il faut donc nécessairement qu’ils acceptent de s’adosser au concept de l’interdépendance africaine et reformulent une charte appropriée au lieu et place de l’actuel Acte constitutif de l’Union africaine pour réussir à réunir l’Afrique.
10. Image du Continent
Un autre point pose problème. C’est celui de l’image du continent avec le colonel Kadhafi et l’image que l’Afrique souhaite se donner. Entre l’autoritarisme, la courtoisie, les bonnes relations et l’hypocrisie de façade, les Chefs d’État sont sommés de faire un choix face à un artiste expert en la matière. Ainsi, lorsque le Colonel Kadhafi rappelle que selon lui, “Le multipartisme n’est pas adapté à l’Afrique”, il risque de trouver des échos favorables auprès de la plupart des Chefs d’État qui ont justement boudé le 12e sommet de l’UA, souvent par dépit. Si le consensus devait être obtenu sur cette base, il faudra s’attendre à encore plus de malaise. La crise financière créée par la dérégulation financière dans les pays occidentaux aura des effets pervers sur le continent africain en 2009 et cela risque d’ouvrir des espaces de crises sociales. Mouammar Kadhafi a une véritable carte à jouer en proposant des solutions pour organiser un Pacte africain de maintien ou relance du pouvoir d’achat et de la création de richesse. Il gagnerait à financer un ou plusieurs hôpitaux continentaux car la première cause de mortalité des Africains n’est plus la maladie (problème cardio-vasculaire, cancer ou paludisme, etc.) mais le manque de diagnostic précoce. Tous les talents et les expertises se trouvent en Afrique et dans la Diaspora. Encore faut-il les aider à s’organiser et non les obliger à s’aligner sur un agenda non écrit qui se transforme régulièrement en soutien populaire sans lendemain. Ce sont de telles propositions suivies de résultats sur le terrain qui pourront améliorer l’image du Guide libyen et convaincre ceux qui ont des doutes sur sa sincérité à vouloir aider réellement le peuple africain.
Pour beaucoup de dirigeants, le dirigeant libyen demeure un activiste qui risque d’éluder la mise en œuvre de la démocratie pour tenter d’organiser une forme de désobéissance civile en amenant la jeunesse africaine à le suivre dans ses idéaux contenus dans la nouvelle version du “Livre vert”… Le Guide Kadhafi apparaît souvent comme un tenant de la désobéissance civile au plan continental, un prolongement de sa révolution libyenne qui fait peur à plusieurs Chefs d’État. Pour beaucoup de Présidents, il y aurait là une pure ingérence qu’ils ne peuvent tolérer… La politique de la chaise vide a servi d’avertissement. Alors quand le dirigeant libyen lance aux Chefs d’États africains dès l’ouverture du sommet : « Je vais vous provoquer, mais c’est pour le bien de l’Afrique …»… les visages des Chefs d’État présents et ceux qui écoutaient en catimini en direct se ferment. Les sourires de façade ont rapidement disparu pour faire place à l’inquiétude.
Ceux des critiques qui se contentent de lire la pensée du dirigeant libyen dans son “Livre vert” ou dans ses frasques verbales risquent d’être déçus car en dehors d’un entourage parfois bien corrompu qu’il a dénoncé lui-même, l’homme n’arrive plus à convaincre ceux qui sont indépendants de sa fortune sauf lorsqu’il réalise quelque chose de concret. Pour éviter des surprises, certains esprits croient qu’il suffit de l’encadrer avec quelques Présidents (2) avec peut-être le Président de l’Autorité de l’Union africaine de la Commission et éventuellement le Président de la Banque africaine de développement pour participer à la réunion du G20 prévue à Londres le 2 avril 2009. Mais c’est mal connaître le nouveau “roi des rois traditionnel d’Afrique”. On a affaire à un missile “non-téléguidable”… Il vaut mieux le convaincre.
Ainsi seules des missions de bons offices précédant les grandes décisions et un travail en profondeur par des experts indépendants acquis à la cause du panafricanisme pourraient permettre de canaliser ce révolutionnaire devenu “pacifiste”, mais demeurant intrinsèquement un agitateur, un frondeur et un innovateur, et l’accompagner sur la voie de la sagesse. Malheureusement, il s’agit là de concepts peu prisés dans le cercle très réactionnaire des dirigeants africains. Mais le Guide libyen demeure profondément rebelle à l’ordre injuste qui spolie l’Afrique et les Africains. En cela, il aura toujours des partisans partout sauf que le nombre de ses ennemis risque d’abord d’augmenter pour diminuer ensuite progressivement au rythme des réalisations effectives au service des populations africaines, réalisations qui ne peuvent se limiter à des mosquées ou le contrôle des hôtels de luxe en Afrique. L’image de l’Afrique s’en trouvera améliorée.
11. Crises sociales et promesses non tenues font vaciller les démocraties
Ainsi, la crise politico-sociale à Madagascar, au-delà des luttes de personnes pour le pouvoir, réside dans l’incapacité du Président Marc Ravalomanana de mettre en œuvre les promesses faites au cours de sa campagne et le contrôle quasi-personnel des principales structures productives du pays. En filigrane et paradoxalement c’est le déficit démocratique et la domination des instances parlementaires malgaches par le parti présidentiel, le TIM (“Tiako Madagasikara”, qui signifie “J’aime Madagascar”), qui empêche le débat d’avoir lieu au sein des institutions et non dans la rue… La morale de cette histoire est que la domination des institutions démocratiques par un seul parti, même élu démocratiquement, ne peut nullement empêcher l’émergence de la désobéissance civile, surtout lorsque le ras-le-bol social se traduit par des mouvements de violences sociales dans la rue.
La cristallisation des mécontentements dans la rue n’a rien de bon. L’Afrique n’est pas à l’abri de ses contestations sociales en 2009, surtout que cette fois l’éternel apitoiement des dirigeants ne trouvera plus d’échos favorables en Occident sans réalisations concrètes de contrepartie. Barack Obama a prévenu que sa politique en Afrique reposera d’abord sur les principes de responsabilité individuelle. Madagascar semble être un signe avant-coureur… Il faudra éviter de voir l’Afrique être vendue en morceaux par le biais de contrats concessionnels de long terme comme à Madagascar avec les Sud-coréens qui sont en train d’élaborer des études de faisabilité pour prendre possession pour 99 ans de terres agricoles contre des infrastructures et de la production agricole dont l’essentiel sera exporté en priorité vers la Corée du Sud… Le peuple africain en général est clair : L’Afrique n’est pas à vendre… Mais il n’a pas les moyens de faire valoir son point de vue.
Sur ce point, le Guide libyen risque de trouver un consensus auprès de la société civile africaine notamment des jeunes, mais pas nécessairement auprès de certains Gouvernants africains qui semblent avoir trouvé des alternatives avec certains dirigeants asiatiques. Ils sont devenus des adeptes des contrats en double écriture où le contrat officiel avec un partenaire étranger apparaît comme dolosif alors que le contrat officieux, lui, renferme les vrais transferts de fonds vers les comptes privés dans des comptes offshores tout en profitant de l’opacité des institutions financières asiatiques… Dans tous les cas de figures, cela continue à se faire principalement dans le domaine des infrastructures et des mines, ceci plus particulièrement aux dépens des populations. Aussi, le nouveau Président de l’Union africaine devra s’organiser pour tenir ses promesses, s’il en fait, sans mettre de côté la feuille de route de l’Autorité Africaine et mettre un budget à disposition pour permettre à Jean Ping, le Président de l’ex-Commission de l’Union africaine d’exécuter le plan stratégique 2009-2012.
12. Une Charte de l’interdépendance africaine pour effacer le malaise
Il est quasiment certain que le nouveau Président en exercice de l’Autorité de l’Union va convoquer un ou plusieurs sommets extraordinaires de l’Union pour faire avancer les dossiers qui lui sont chers. Compte tenu de l’initiative portant sur les États-Unis d’Afrique qui a démarré vraiment lors de la conférence de Syrte le 9/9/99 à Syrte en Libye, il faut s’attendre à ce que d’ici le 9/9/09, le Guide libyen parvienne à réaliser le projet d’Unité africaine par le biais d’un Gouvernement unitaire sans la majorité des dirigeants africains. Mais, il devra veiller à ne pas le faire par un passage en force qui risque de se faire au détriment de l’unité des Africains. Ce gouvernement unitaire, même avec une partie seulement des Africains, ne devrait pas se faire sans une validation par les populations. Un référendum s’impose donc, à moins que le parlement continental africain (non représentatif) ne soit amené à valider les amendements qui seront apportés à l’Acte constitutif de l’Union africaine. Mais si le Guide libyen n’arrive pas à l’Unité de tous les Chefs d’État, il pourra toujours accepter le principe et le concept de l’interdépendance africaine prôné depuis plusieurs années par un groupe influent d’intellectuels africains tant dans la Diaspora qu’en Afrique.
Lorsque le dirigeant libyen a fait un hommage discret à l’ascension d’un métis assimilé à un Afro-américain et rappelant que l’élection de nouveau Président américain, Barack Obama est un “défi à tous ceux qui méprisent le monde noir”, il rappelle en fait indirectement que le mépris et le racisme sous-jacent profond de certains dirigeants blancs devront prendre fin ou être nuancés…Sur ce plan, le concept de la démocratie représentative et de la responsabilité individuelle de Barack Obama pourrait, peut-être, en retour “guider” le Guide libyen dans ses délibérations sur le futur de l’Afrique.
Alors, le problème n’est pas si l’on aime ou pas le nouveau Président en exercice et le roi des rois d’Afrique, mais est-ce qu’il sera à la hauteur de la tâche immense qui l’attend, combien de réalisations concrètes aura-t-il à son actif d’ici janvier 2010 pour éviter qu’il ne vienne nous faire un discours-bilan sans panache au son des Tamtams africains ? Va-t-il améliorer ou ternir l’image des Africains dans le monde ? Va-t-il accepter d’adopter une approche qui “unit” la société civile africaine sans arrière-pensées déstabilisatrices ? Va-t-il accepter un vrai débat sur la démocratie représentative non basée sur les ethnies ou l’argent en Afrique, sur la migration des Africains en Afrique ? A la place des hôtels de 5 étoiles réservés aux “en-haut d’en haut”, peut-il financer la construction d’hôpitaux d’excellence et de diagnostic dont rêvent tous les malades du panafricanisme ? Va-t-il enfin accepter de se constituer des équipes d’experts africains INDEPENDANTS y compris en s’appuyant sur la Diaspora et écouter leurs recommandations ? Ne va-t-il pas créer une scission durable en Afrique en voulant imposer les États-Unis d’Afrique surtout si plus de 20 Chefs d’État ne se rendent pas au prochain sommet de l’Autorité de l’Union africaine, prévue sans garantie à Madagascar en juillet 2009 ?
Sur le dernier point, et au-delà du bougisme bien peu efficace des chefs d’État africains, il va y avoir de la rupture asymétrique, un peu d’ambiance, des coups de gueule, des évolutions de part et d’autres et vraisemblablement des avancées… pas nécessairement comme le souhaite le Guide libyen, ni comme l’ont toujours voulu les tenants du statu quo qui se cachent derrière l’approche gradualiste depuis des décennies. En effet, Dieu n’est pas nécessairement neutre dans cette histoire car les rois africains traditionnels n’ont pas dit leur dernier mot puisqu’ils n’avaient pas droit au chapitre, sauf pour le folklore et la séance photo…
13. Autorité de l’Union : et l’Après Kadhafi ?
Mais en définitive, que se passera-t-il après la période du Guide libyen ? Le déluge, peut-être ? Les financements qu’il risque d’apporter non sans conditionnalités d’un nouveau genre, pourraient donner du baume au cœur des fonctionnaires de l’Autorité de l’Union africaine s’il commençait par revaloriser les salaires des responsables et des experts de l’Autorité de l’Union africaine. Mais le paquet financier pourrait se tarir dès la fin de sa présidence. Paradoxalement, ce n’est pas de son élection qu’il convient de s’inquiéter, mais bien de l’après Kadhafi. Tout dépend finalement de lui ! Il connaît maintenant suffisamment les appréhensions africaines ! A lui de jouer pour rentrer dans l’histoire et faire oublier l’alliance éphémère avec la Tunisie et l’impossible union du monde arabe.
8 février 2009
Dr. Yves Ekoué Amaïzo
Directeur du Groupe de réflexion, d’action et d’influence “Afrology”
Notes :
1. Yves Ekoué Amaïzo (sous la coordination de), L’Afrique est-elle incapable de s’unir ? Lever l’intangibilité des frontières et opter pour un passeport commun, avec une préface de Joseph Ki-Zerbo, éditions l’Harmattan, collection “Interdépendance africaine”, Paris, 2002, 664 pages.
2. Jean-Loup Amselle et Elikia M’Bokolo (sous la direction de), Au coeur de l’ethnie : Ethnies, tribalisme et Etat en Afrique, éditions La Découverte/Poche, Paris, 2005, 225 pages ; il est question dans ce livre de repenser les notions d’ethnie et de tribu, confondues parfois avec celles d’Etat et de Nation. Ce sont ces réductionnismes qui conduisent à ramener une ”tribu” à un “parti”.
3. Des experts existent au niveau du groupe de réflexion, d’action et d’influence “Afrology” et sont près à contribuer à l’élaboration d’une approche consensuelle
4. Voir le site de l’Union africaine < http://www.africa-union.org/root/au/conferences/2009/january/summit/12thsummit_fr.html>
5. Yves Ekoué Amaïzo, De la dépendance à l’interdépendance. Mondialisation et marginalisation. Une chance pour l’Afrique ? , éditions l’Harmattan, Paris, 1998, 431 pages.
6. Yves Ekoué Amaïzo (sous la direction de), L’Union africaine, freine-t-elle l’unité des Africains ? Retrouver la confiance entre les dirigeants et le peuple-citoyen, avec une préface d’Aminata Traoré, collection “Interdépendance africaine”, éditions Menaibuc, Paris, 2005, 390 pages.
7. Voir <http://www.africa-union.org/root/au/conferences/2009/january/summit/12thsummit_fr.html>
8. AFP, “Divisé sur les projets de Kadhafi, le sommet de l’UA s’achève péniblement”, Adis Abéba, (AFP), 04/02/2009, voir < http://www.tv5.org/TV5Site/info/article-Divise_sur_les_projets_de_Kadhafi_le_sommet_de_l_UA_s_acheve_peniblement.htm?idrub=6&xml=newsmlmmd.72b70fcccf8e649adaff4d73503da55b.1d1.xml>
9. Yves Ekoué Amaïzo (sous la coordination de), op.cit.
10. Yves Ekoué Amaïzo (sous la direction de), La neutralité coupable. L’autocensure des Africains, un frein aux alternatives ? , avec une préface de Abel Goumba et un postface de Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo, collection “Interdépendance africaine”, éditions Menaibuc, Paris, 2008, 445 pages.
11. Dev Kar and Devon Cartwright Smith, Illicit Financial Flows from Developing Countries 2002-2006, Global Financial Integrity, voir http://www.gfip.org/storage/gfip/executive%20-%20final%20version%201-5-09.pdf
12. Ibid, p. 12.
13. Sanou Mbaye, L’Afrique au secours de l’Afrique, Les Éditions de l’Atelier, Paris, 2009, 160 pages