Nuit du 27 au 28 novembre 2006. Cité des 500 Logements, dans la commune de Mansourah. Plusieurs voitures sont sauvagement saccagées, dont une, notre vieille Golf, déplacée et abandonnée à quelques mètres de son parking dans un état lamentable.
La cité des 500 Logements est située à la périphérie ouest de la ville de Tlemcen, près du pôle universitaire Abou Bakr Belkaïd d’lmama. Elle relève de la circonscription du Grand Tlemcen. La construction de cet ensemble d’immeubles fut, croit-on savoir, financée par le ministère de l’Enseignement supérieur ; sa « gestion » est confiée à l’OPGI, à l’instar de toutes les « habitations bon marché » (telles que livrées, la dénomination HBM leur est adéquate, HLM étant carrément trompeuse). Destinés initialement aux enseignants et travailleurs de l’université, des lycées… nombre de ces habitations ont fini par être occupées par d’autres catégories, les plus chanceux (ou, pour une large opinion, les moins caves), ceux que les lois scélérates qui font des appartements de véritables caveaux ne concernent pas, ont fui ces lieux pour d’autres un peu moins frustrants, dont la vertu essentielle est souvent d’être seulement un peu moins enclavés. Dans nos polémiques, nous surnommons ce groupe de bâtiments la cité « sans visa », allusion faite à l’émission télévisée éponyme de Samir Chaâbna qui raconte la réussite des Algériens qui résident à l’étranger et qui vivent, à quelques moyens près, les conditions enviables de leurs hôtes. Car ironiquement, dans cette cité des 500 Logements gîtent des enseignants, des maîtres de conférences dont certains ont « réussi » à publier leurs travaux dans des revues scientifiques de renom, y compris américaines (si tant est que les revues scientifiques de la première puissance mondiale représentent une référence à mentionner). Sauf que leurs conditions de vie, dans cette pouillerie, reflètent celles de vauriens qui ont tout raté. Et ce sont leurs voitures, déjà rudoyées par l’état désastreux des voies de la cité, qui sont sauvagement saccagées (1) Ce qui nous amène à nous interroger sur le bien-fondé des sempiternelles et incantatoires invites aux compétences algériennes résidantes à l’étranger à rentrer « servir » leur pays. Vu les conditions qui les attendent, ne s’agirait-il pas là de plaisanteries ? De plaisanteries de mauvais aloi, cela s’entend. Quant aux solennelles déclarations sur le budget qu’alloue le gouvernement au ministère de l’Enseignement supérieur, en particulier à la recherche scientifique, représentant pompeusement tant de pourcent du PIB (pour cette année 2007 c’est 1%), nous savons de quoi il retourne en pratique. Les pages « débats » et « opinions » de nos quotidiens nationaux dédiées à cette question et le bon travail d’investigation des journalistes montrent amplement comment les décideurs appréhendent l’idée de recherche. Tant et si bien que discuter que « l’argent destiné à celle-ci ne lui est pas en vérité consacré, mais qu’il est voué au tourisme…, à la confection de laboratoires stériles, rudimentaires dans leur fonctionnement et une assignation à d’autres fins, puisque ce qui en ressort de concret ce sont pratiquement des manipulations d’expériences abouties racontées par la vulgarisation scientifique via Internet… », c’est carrément entretenir un discours tautologique. (Non, il n’existe pas de contradiction lorsque nous nous prévalons de publications d’Algériens dans des revues de renom, ici il s’agit de recherche fondamentale dans souvent des cas, du ressort du mérite exclusif de quelques chercheurs, parfois isolés, hélas). (2) Le budget alloué à l’université, à la recherche, ne sert pas à promouvoir le savoir, la formation, l’amélioration du cadre et des conditions de vie et de travail des universitaires, corps enseignant, étudiants et travailleurs. Il est géré comme l’est celui qu’affecte le ministère de l’Habitat ? à ces gouffres du Trésor public que sont les OPGI (dont l’inutilité n’est plus à prouver) et qui sont à l’origine de toutes les pouilleries où sont déplacées les familles, quasiment parquée.(3) En l’absence d’une véritable ambiance intellectuelle, la diaspora universitaire algérienne est-elle prête à rentrer définitivement au bercail ? Maintenant qu’elle commence à réussir à l’étranger (avec la bénédiction de la mondialisation), ne devrait-elle pas plutôt se fixer comme objectif le passage du flambeau à la prochaine génération pour se perpétuer en mieux ? Certes, la fuite de nos cerveaux ne répond pas aux espoirs de ces humbles gens qui ont accepté énormément de sacrifices dans l’anonymat pour « aider » à leur émergence et qui espèrent un petit geste en retour : leur contribution à la sortie du pays de sa situation insoutenable de précarité et d’injustice flagrante (en comparaison de l’appareil judiciaire du « Makhzen du Grand Maghreb » en devenir, le monde de Kafka, réel, n’en serait qu’une de ses entrées).(4) Ce qui, pour les consciences qui s’y trouvent confrontées, représente un terrible dilemme ! Alors, décerner les causes de son échec à se libérer du carcan qui l’empêche de mener à bien sa noble mission dans son milieu d’origine et tâcher de s’enquérir des issues pour y remédier devient forcément pour notre élite un impératif éthique inéluctable. Mais d’abord, quelle est la nature vraie de ce maudit carcan qui les englue ? Dans sa chronique du Soir d’Algérie du lundi 4 juin 2007, Mme Leïla Aslaoui note judicieusement que les assassins de Abane Ramdane étaient « ceux qui avaient décidé déjà en 1957 que leurs pires ennemies étaient l’intelligence et sa sœur jumelle la capacité de penser ». D’où les ignares sans scrupules tiennent-ils ce legs de cruauté envers les gens de savoir, que d’aucuns voudraient absolument voir écrit dans notre ADN ? Des penseurs et chercheurs intéressés par cette sorte de « dérèglement » n’hésitent pas à le traduire comme aboutissement des manipulations » des indigènes – que nous serions toujours – par l’administration coloniale et que certains continuent d’agréer encore malheureusement dans leurs habitudes. Depuis l’invasion de notre pays par les troupes barbares de Napoléon III, les hommes de savoir algériens sont systématiquement réduits au silence(5). Même une fois l’autonomie proclamée, les centres de décision leur seront prohibitifs. Et si la menée est propre à tout colonialisme, il n’en demeure pas moins que la France est championne dans cette perversion, à telle enseigne qu’à ce jour, c’est une de ses remarquables spécificités. (6) En citant ses Bonaparte, Napoléon – et autres Lyautey (7) — nous ne l’incriminons aucunement gratuitement. Ces personnages négatifs sont responsables de la conduite nuisible dont nous parle Mme Leïla Aslaoui, la preuve étant apportée qu’effectivement la vilénie a existé et commencé chez eux, qu’ils sont les précurseurs de la sordide cuisine. Dans son excellent ouvrage La révolution des savants, le mathématicien Denis Guedj raconte superbement l’épopée emblématique de ses compatriotes savants Lazare Carnot, le marquis de Condorcet, Jean Sylvain Bailly, Claude Chappe et bien d’autres…, comment ces hommes de science ont rendu possible le succès militaire de leur pays sur les Etats européens (l’Autriche, la Prusse, les monarchies coalisées…) qui lui livrèrent combat à cause justement de cette révolution instaurant la toute première République française ? Magnifiquement accompagnée de la naissance de citoyens et de lois affranchissant résolument les esclaves des colonies. Or, celui qui fut l’artisan de la victoire, celui qui devait à juste titre occuper la place prépondérante de Bonaparte, cet homme-là ne dut son salut qu’à un obscur député (qui) le lave de tout soupçon en prononçant ses paroles : « Oserez-vous porter la main sur celui qui a organisé la victoire dans les armées de la République ? »(8) Il s’agit de Lazare Carnot, le stratège, mathématicien, physicien… (9) Autant les savants révolutionnaires français hissèrent glorieusement leur pays au rang des défenseurs des libertés, autant Bonaparte et ses lieutenants l’ont-ils honteusement ramené à sa dimension d’hydre impérialiste. Dès lors, il n’est pas fortuit que dirigé par des individus retournés contre leurs illustres émancipateurs, le pays de Marianne renoua avec ses pratiques de pillard. Son destin tout tracé, à l’opposé de sa légendaire révolution des savants, se confond dans celui de l’empire insatiable, vivant des biens des pays soumis, de la sueur et du sang des opprimés. La France souillera les jalons, à peine posés, de défenseur des libertés. Est-ce fini aujourd’hui ? (10)
Certes, elle goûtera, en retour, à quelques défaites cuisantes, au cours des guerres contre l’Angleterre, la Russie, l’Allemagne… au Viétnam et chez nous (nous pouvons comptabiliser la crise de Suez).
En fait, elle ne devra vraiment son salut et son essor qu’aux Américains (et à leur plan Marshall), ainsi qu’aux richesses de ses colonies, bien évidemment. Ne disant jamais merci sans arrière-pensée, sans jamais avoir honte ! Sans jamais se repentir ! Sans jamais dire les grâces (11) . De surcroît, le plan Marshall aura, fidèle à l’esprit de ses concepteurs, concouru à la prise de conscience des étudiants de la faillite de leur système. La guerre de l’indépendance américaine (1775-1783) n’avait-elle pas inspiré la révolution de leurs maîtres savants (1789) ? Ils exprimeront leur ras-le bol en mai 1968 dans un vent de fronde sans précédent. (Ce n’est pas étonnant que l’antiaméricain soit battu. Il s’agit – vous l’avez compris – du président Charles de Gaulle, obligé de prendre sa retraite). Grâce à cette révolte estudiantine (le mouvement débouchera là encore sur – temporairement là encore – avec le prestige de sa déclaration des droits de l’homme et du citoyen. (Pourtant les soixante-huitards n’empêcheront pas l’éruption de la loi parlementaire du 23 février 2005). Ce n’est sans doute pas une entre-parenthèse si, en ce printemps de l’année 1968, en Algérie, l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA) est dissoute. C’est l’exacte réplique d’un certain mai 1945 où, tandis qu’en France la libération était fêtée dans la liesse des délivrés, en Algérie (à Sétif, Guelma…) elle se soldait par le massacre de milliers de colonisés manifestant pour leur émancipation. Or, voilà que toute sa campagne, l’actuel président français, Nicolas Sarkozy, il la voua à l’apologie de la colonisation : « Le rêve de Bonaparte en Egypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc » n’avait été pas tant un rêve de conquête qu’un rêve de civilisation, pareillement à la reconnaissance de l’OAS qui ciblait préférentiellement les intellectuels Et ce n’est pas tout. Des slogans tels « Seuls ceux qui parlent français pourront s’installer en France… seuls ceux dont la France a besoin y sont les bienvenus… » sont indéniablement un hymne aux colonisables, aux colonisables utilisables. La France a l’intention de vider l’Afrique de sa matière grise, analysent ceux qui prêtent attention à ces propos. Ce n’est pas nouveau, c’est la règle. L’élite n’a jamais été pour l’Hexagone autre qu’une main-d’œuvre. Alors, pourquoi tant de fracas ? L’élite africaine se trouverait-elle vouée à un destin inédit ? Pour le découvrir – il le faut par devoir envers ceux qui se sont sacrifiés pour elle et qui attendent une reconnaissance – il ne suffit pas seulement que cette élite écoute les discours du président français, il faut qu’elle parvienne à décrypter les sens cachés. Le nouveau moteur du monde, la globalisation, développe un couple de torsion représenté, d’un côté, par l’axe Washington-Oslo-Tokyo et, de l’autre, Pékin-New Delhi-Brasilia. Le leader européen est conscient que pour atteindre le poste de poisson pilote auquel il prétend, il ne lui suffit pas que son continent soit amarré du côté massif, mais qu’il devra aussi et surtout travailler à le faire peser lourd dans la balance. Car, ce n’est pas encore joué entre les deux blocs en agitation. Même au prix de son élargissement très étendu, telle que construite l’actuelle Union européenne continue de perdre de son influence. D’autant plus qu’après le déclassement de deux du G7 – dont l’Italie – par la Chine, l’Inde et le Brésil émergent, la France sera assurément le prochain relégué.Pour capitaliser le poids idéal, Nicolas Sarkozy est tout à fait convaincu qu’une stratégie porteuse est indispensable. Parmi les manœuvres tacticiennes qui se mettent en place, favorables en apparence, le réveil des anciennes rivalités avec, comme trublion la Russie, est une option. Mais l’issue de 1989 qui n’est pas évidente, lui sera-t-elle bénéfique ? (12) De quoi a vraiment besoin la France pour sortir de ce fichu guêpier et gagner ? S’octroyer le poids de l’Union méditerranéenne qu’annonce à grandes pompes Nicolas Sarkozy ? Intégrant la Turquie indésirable au sein de l’Union européenne ? Que vaut cette union pour l’Union européenne ? Pour la France, ce n’est qu’un réservoir de francisés à la limite. N’empêche, le sort de la mondialisation est lié au devenir du continent noir. C’est indubitable ! Dans ce contexte, et pour sauver sa mise, il ne subsiste donc plus pour la France que l’attractive voie africaine. (L’a-t-elle jamais quittée ?) Mais alors, pourquoi Nicolas Sarkozy clame-t-il que la France n’a pas besoin de l’Afrique ? Qu’il table volontiers sur une union méditerranéenne ? L’enjeu concernant le continent noir serait-il déjà perdu pour la France ? La Chine et l’Afrique s’activent selon toute vraisemblance en partenariat et les Etats-Unis lancent dans tout le continent noir des initiatives motivantes : Pan Sahel, Eizenstat… Il ne s’agit plus aujourd’hui de partager et de pressurer l’Afrique comme ce fut le cas lors de l’avènement de la révolution industrielle de la fin du XVllle siècle. Ce n’est plus de mise en convient le monde entier ! Il n’en demeure pas moins que pour la République de Napoléon Bonaparte, une telle relation à l’Afrique est inconcevable. La France n’a pas besoin de l’Afrique… comme partenaire. Faut-il alors appréhender que l’attitude frondeuse du président français découle de l’incertitude des initiatives tant chinoises qu’étas-uniennes ? Auquel cas, l’atelier de l’Union méditerranéenne intégrant les pays de l’Afrique du Nord – qui se fera certainement sur le modèle du plan Oméga proposé au nom de l’Afrique noire francophone pour « franciser » la nouvelle initiative africaine par le Sénégal et qui a fini, après l’intégration de l’Egypte, en Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) par être déclaré coquille vide par l’initiateur de cette francisation – a pour rôle de faire le deuil sur cette (associations sino-afro-étas-unienne contre nature). (13) Il ne fait aucun doute que le ratage des initiatives que proposent les Chinois et les Etas—Uniens aux Africains bénéficiera aux prédateurs de ces derniers. L’Afrique ne sera-t-elle jamais rien d’autre qu’une éternelle réserve strictement européenne ? Française ? D’aucuns n’érigent-ils pas cette condamnation en damnation ? (14) Que l’Union méditerranéenne se concocte pour étayer une telle sentence, est-ce imaginaire ? Si l’Afrique n’offre aucune consistance, elle n’a plus de rôle propre positif à jouer au sein du couple de torsion développé par la mondialisation. Ce qui subséquemment produit l’effet que briguent les Européens en l’absence du seul challenger de leur continent, ils auront toute latitude d’actionner la balance du côté qui leur convient ! Certes, pour ce faire, ils ont obligatoirement besoin d’un poids en sus de celui de leur continent, qu’ils pourraient à loisir placer du côté de leur choix et de la sorte décider du leadership qui leur convient en s’exposant le moins au risque du retour de manivelle. Si le continent noir n’a aucun poids et s’il est le seul susceptible d’en représenter un – exploitable évidemment par l’Europe – comment résoudre ce paradoxe ? En agissant sur son élite pardieu ! En en faisant une force d’inertie ! Voilà la solution. La France n’a pas besoin de l’Afrique vivante, volontariste, mais de celle modelée par ses Bonaparte, Napoléon, Lyautey : une catacombe (lieu de génocide de toutes les répressions aveugles, de tous les fléaux…). (15) Une masse inerte au sein de laquelle des Européens pourront se substituer aux… Africains et y agir à leur guise. La France dans sa feinte de se retirer de ses colonies n’a pas usé de ruses de Sioux, mais de la plus mythique, celle d’Ulysse : « L’emploi de sa langue par les anciens colonisés qui la brandissent autant triomphalement qu’ingénument n’a pas été tant un trophée de guerre qu’un cheval de Troie létal destiné à les assujettir durablement ». Dès le réveil des nationalismes des indigènes, leur scolarisation devient une urgence pour l’administration coloniale (jusque-là une « rumeur » coriace circulant les mettait en garde contre l’apprentissage du français, il faut s’interroger sur ses auteurs et sa finalité). Pour ne leur laisser que leurs langue maternelle (dans bien des situations, il s’agit de dialectes), et une contrainte, le français pour lire et écrire : « Nos ancêtres les Gaulois, notre pays la France » – qui pour eux a fini par tenir dans le « ministère de l’Identité et l’Immigration », enfin énoncé sans faux-fuyant. Le plan Oméga (bis) pour ramener l’Afrique dans le giron de la France, voilà le véritable nom de l’Union méditerranéenne. Comme la plupart des pays francophones, l’Algérie est manipulée dans cet enjeu. Dans le cas particulier de l’université, ceux qui ont la mainmise sur l’argent de la recherche scientifique, l’information sont piètrement manœuvrés. L’université est formatée itérativement dans le seul but de desservir le pays et le peuple. En général,il faut étouffer les « jérémiades » de ceux qui tentent de revivre, qui peuvent revendiquer leur droit à la propriété, à l’identité, à… l’intégration (avec un grand « i », le partage des valeurs universelles). Museler cette élite en se l’aliénant ou en la vouant aux gémonies. Hypertrophier les services de sécurité et étouffer la liberté d’expression sont des procédés à soutenir toujours et encore. Alors oui, l’Union méditerranéenne est véritablement un chantier en lancement. Mais quel chantier ! Celui de Tchitchikov, ce personnage imaginé par Nicolas Gogol (Les Ames mortes). La France « achète » aux gouvernements africains l’âme de leur petit peuple déclaré moribond. Elle prend exemple sur le grotesque et malhonnête personnage : afin de traiter en maître, en propriétaire de ce continent avec la Chine et les USA incontournables, elle exhibe combien elle « possède » copieusement l’âme africaine mortifiée… Voilà pourquoi la proclamation d’un tel chantier doit dicter à notre élite quelle attitude seyant à son devoir éthique elle doit prendre dignement. Ainsi, si tant est qu’elle doit se servir d’une seule leçon, c’est bien de celle des deux universitaires d’origine algérienne qui ont « réussi » à l’étranger. Le premier qui a, aux USA, atteint le sommet de la hiérarchie dans son domaine, le Dr Elias A. Zerhouni, directeur des Instituts nationaux de la santé (NIH) avec tous les honneurs et le second, le Dr en économie Azouz Beggag, romancier, sociologue et politicien qui, avec tout son mérite, essuie les propos racistes de ses compatriotes français à cause de son origine indigène. (16) Nos hommes de savoir doivent réfléchir et agir. Pour exemple, étudier les effets que pourront avoir sur notre devenir l’implantation de bases américaines chez nous, du siège de l’Africom ne doit pas être tabou, au contraire. (17) Car, il n’est pas exclu que la récusation de l’hégémonie américaine par nos gouvernants procède de la même tactique ségrégationniste, tactique contre laquelle nous sommes désarmés, qui nous impose de facto celle de nos prédateurs. La coopération sécuritaire, la lutte contre le terrorisme, contre l’immigration clandestine et tutti quanti… ne constituent pas seulement une bénédiction pour les régimes totalitaires mais aussi et surtout un carcan de plus pour les peuples qui les subissent outrageusement. Et contribuer à la pérennité des valeurs américaines en les adoptant, c’est pour l’Afrique une chance de pouvoir se libérer de la traite de ses intellectuels par la France qui ne déguise plus son vampirisme. Dans le sillage des bases américaines, n’y a-t-il pas toujours des hôpitaux américains… des aéroports, des autoroutes qui en partent et qui y aboutissent ? Des universités américaines ? Universités qui, forcément, émuleront les nôtres ? L’Algérie, l’Afrique pourront gagner. Phare, Liberté, Progrès ou l’Egypte éclairant l’Asie, la statue qui tient dans sa main gauche son manuel du savoir lire et écrire porte dans l’autre le flambeau qui est un glaive brandi. Un glaive illuminant tout le village ! (18)
Par Mourad Merzagui
Notes de renvoi :
1- Je ne dirais pas assez l’affiche de mésestime à notre égard, nous les victimes, de la part du procureur de la République. Dans ce même bureau j’avais déjà vu un procureur de la République se faire tout petit devant un voyou que la pègre défendait au téléphone (Incompétence, El Watan du mercredi 17 novembre 1999, rubrique : Courrier des lecteurs).
2 – Le classement de nos universités ne correspond pas à leur profil, le rang est le « cadeau » que quelques universitaires, qui sont les derniers à bénéficier des « prestations » de ces universités, ont pu offrir dignement et en toute abnégation. La descente aux enfers de l’université de Bab Ezzouar (sciences et technologie), montre à quel point ce fleuron national est déserté par l’élite qui a préféré l’exil ou la résignation.
3 – Les OPGI, organes parasites, envers des défunts Souks el fellah, ont des sièges plus « pimpants » que les hôtels de ville, pourtant échine des communes.
4 – Ayant perdu une griffe (annonce dans Le Quotidien dOran du 6 avril 2006), un policier de la 2e sûreté de Tlemcen me la restituait plus d’une année après sa perte. De ses propres dires, il l’avait conservée dans son bureau plusieurs mois : « Nous ne savions pas comment vous contacter », argua-t-il. Je répondis que c’est à la DDS qu’on s’adressait dans pareil cas (elle ne se situe qu’à quelques dizaines de mètres de chez eux). La perte du cachet ayant été signalée à ce niveau ainsi qu’à la CNAS. Plusieurs semaines après le même policier qui me rappelait me tint ces propos : « Le procureur veut pousser les investigations et demande votre déclaration de perte faite à la sûreté de daira de Mansourah. On ne m’a rien remis au commissariat », ai-je répondu. J’avais d’ailleurs demandé : « Vous ne me remettez rien ? » Et la réponse était : « Rien. » Je demandais au policier de la 2e si chez eux cela se passait différemment, s’ils remettaient une « trace » au déclarant ? Et il répondit catégorique oui. Je lui exhibais tout ce qui était en ma possession : la copie de la page du journal et des déclarations à la DDS et à la CNAS. Je retournais néanmoins à la 2e sûreté pour avoir un papier stipulant que j’avais fait ma déclaration. On me répondit qu’on ne remettait pas de papier dans pareil cas. Pourquoi donc le procureur le demandait (c’est le policier de la 2e qui l’affirmait) ? Je donnais mes coordonnées au policier du bureau concerné de la sûreté de la daïra de Mansourah le priant de communiquer à son collègue les « informations » sur cette déclaration — si nécessaire par la « voie interne ». Le 21 août 2007, après un mois et demi, un policier me téléphone pour me dire qu’un collègue l’a chargé de me demander de lui ramener la « déclaration sur l’honneur » (je suppose qu’il s’agit d’un lapsus).
5 – Pour ne citer que les plus illustres : l’Emir Abdelkader, de grands cas de figure parmi les Ouléma, les médecins, les avocats et des noms comme Maurice Audin, le mathématicien dont le prix éponyme institué a été pour son inauguration décerné à un jeune professeur de l’université de Tlemcen (et qui a certainement compté dans le top 2007 des 100 universités africaines les plus performantes, Tlemcen se trouvant à la 39e place, la première du pays dans ce classement).
6 – France3, Jeudi 14 juin 2007. Dans l’émission « Ce soir ou jamais » de Frédéric Taddeï sur le G8 avec les invités Hubert Védrine, Laurent Cohen-Tanugi, Yves Lacoste, Bernard Cassen et Robin Renucci et, en live, Da Silva, Laurent Cohen-Tanugi n’a pas manqué de le faire remarquer.
7 – Nous citons ces trois pour des raisons qui apparaissent évidentes.
8 – Microsoft Encarta.
9 – N’est-ce pas que ce coup d’Etat du 18 brumaire an VIII rappelle étrangement un certain été 1963 à Alger ? Toutes proportions gardées. Pour un indigène sous la férule de la colonisation devenir pharmacien, médecin, avocat, maître d’école… c’est avoir, indéniablement, beaucoup de mérite.
10 – Quand Charles de Gaulle pronostique aux Français que « dans trente-deux ans les Algériens viendront leur manger dans la main », il ne fait aucun doute qu’il se donne les moyens pour voir juste. – Si le vainqueur de Diên Bién Phu conclut que : « Le colonisateur est un mauvais élève », c’est après l’avoir parfaitement analysé.
11 – Si le vainqueur de Diên Biên Phu conclue que : « Le colonisateur est un mauvais élève », c’est après l’avoir parfaitement analysé.
12 – La nomination de Bernard Kouchner, le socialiste, à la diplomatie n’est pas étrangère à cette situation. Si nous avons le temps, avant que cela ne soit une tautologie, nous montrerons à quelle fin exacte aspire cette nomination dans le contexte de l’élection de NS à la présidence française.
13 – Le docteur Yves Ekoué Amaizo d’Afrology relève : « Elle (la Chine) achète aujourd’hui à l’Afrique de la matière première pour fabriquer des produits finis. Au lieu de s’appuyer sur des rentes tirées des ressources naturelles, les chefs d’Etat devraient réfléchir au moyen de lui fournir les produits dont elle a besoin. » Cité par Mélanie Matarese « Union africaine : les raisons d’un blocage (El Watan, dimanche 1er juillet 2007) ».
14 – D’aucuns ont cru bon établir le parallèle entre l’absentéisme des Algériens aux urnes le 17 avril 2007 et les statistiques des gardes-côtes de la rive nord de la Méditerranée qui s’interrogent sur le « suicide collectif » de nos compatriotes « harraga » les « citoyens » entre portés disparus, à bord des embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe ou en attente d’embarquer, pour fuir justement ces urnes de la hogra et leurs familles pourraient faire le compte, est-il dit. N’est-ce pas atroce comme présentation ?
15 – François Mitterrand n’avait-il pas eu ces mots malheureux à propos du génocide du Rwanda : « Dans ces pays là, un génocide ce n’est rien ».
16 – Azouz Beggag a été insulté par Brice Hortefeux, l’actuel ministre français de l’Immigration et l’Identité en ces termes « Allez, fissa, sors de là, dégage, je te dis dégage, tu n’es pas chez toi ici… »
17 – Le « holding Alaoui » de la famille « amie » des Américains, de la France, d’lsraël et de leurs « satellites » est déterminé à abriter le siège de l’Africom dans son royaume, Toutefoi, si les Français et les Israéliens soutiennent le Maroc, ils le font pour leur « ami le Roi » et son makhzen et pour eux-mêmes, ils ne le font pas pour les valeurs universelles que défendent les USA. Ce ne serait pas le cas si l’Algérie abritait le siège —quoique notre pays soit de plus en plus moulé dans l’archétype marocain — un Makhzen dont les contours sont dessinés exclusivement par la main franco-israélienne. Il n’en demeure pas moins qu’avec une présence américaine effective et immédiate sur notre sol, un contrat de confiance nous lierait nous les Africains aux Etats-Uniens, mieux que cette « intelligence » antiterroriste qui isole et met en péril la première puissance mondiale et nous menace nous particulièrement d’anarchie, de tyrannie… d’un retour à l’âge de pierre.
18- Pas seulement par le fait de l’internet. Par ailleurs, il faut avoir tout le temps présent à l’esprit que sous le Village le monde souterrain, celui de la violence aveugle, happe les masses qui abhorrent apprendre, qui se plaisent à lapider la lumière.